2018 est l’année où nous devons faire front uni contre les MNT et la tuberculose

29 Mars 2018

Le 24 mars est la Journée mondiale de lutte contre la tuberculose. C’est une journée idéale pour attirer l’attention non seulement sur la tuberculose, mais également sur les liens entre cette maladie et les MNT. Ces deux épidémies exigent une réponse intégrée si nous voulons les vaincre. Le Dr Svetlana Axelrod, Sous-Directrice générale de l’OMS chargée du Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale, livre ici son point de vue sur les points communs existant entre la tuberculose et les MNT, notamment quant à la réponse à apporter à leur charge considérable et au leadership nécessaire de la part de tous pour vaincre les MNT et mettre fin à la tuberculose.

Les dirigeants mondiaux et les acteurs de toute la société reconnaissent à présent qu’il est nécessaire de sortir du cloisonnement dans lequel même les professionnels de la santé sont enfermés, et d’œuvrer ensemble afin de faire progresser la couverture sanitaire universelle.

Nous connaissons le fardeau : chaque année 40 millions de personnes décèdent suite à des MNT – principalement le diabète, les maladies cardio-vasculaires, les cancers et les maladies respiratoires chroniques – dont 15 millions dans la force de l’âge, entre 30 et 70 ans. Quelques 5.000 personnes meurent de tuberculose chaque jour et des millions souffrent de cette maladie. Ce sont les pays les plus pauvres qui sont le plus durement frappés par les épidémies de MNT et de tuberculose.

Facteurs de risque et déterminants communs

Les MNT et la tuberculose ont de nombreux facteurs de risque communs et sont souvent présents chez la même personne. Ces maladies ont également en commun de nombreux déterminants sociaux sous-jacents : la pauvreté, les conditions de vie et de travail et la protection financière et sociale sont souvent associées à ces maladies.

Nous le savons, les facteurs de risque des MNT incluent certains des facteurs de risque les plus fréquents de la tuberculose : le tabagisme et la consommation d’alcool, la dénutrition, l’exposition environnementale aux poussières de silice, et la pollution atmosphérique intérieure. Certaines MNT telles que le diabète augmentent significativement le risque de tuberculose. Étant donné leur prévalence élevée, une grande partie du fardeau de la tuberculose peut être attribuée aux MNT et à leurs facteurs de risque. Les principales MNT sont des comorbidités chez les personnes souhaitant être prises en charge pour la tuberculose, ce qui complique la gestion de cette maladie et contribue à ses mauvais résultats thérapeutiques, voire à la mort. Dans le même temps, la tuberculose peut augmenter le risque de MNT ou aggraver ces maladies.

Obstacles communs au progrès

Malgré les preuves et les lignes directrices disponibles à l’heure actuelle, les efforts de coordination de la planification, de la mise en œuvre et du financement des initiatives conjointes pour la tuberculose et les MNT sont pour l’instant limités. Une réponse efficace aux MNT et à la tuberculose exige des systèmes de santé solides et des progrès rapides vers une couverture sanitaire universelle, afin que toutes les personnes à risque ou atteintes de ces affections puissent avoir accès à une prévention, un traitement, une prise en charge et des services d’assistance de qualité. 

Besoins communs d’intégration et de coordination

Le monde doit mettre l’accent sur la planification et la prévention intégrées en abordant les facteurs de risque communs à ces deux épidémies. Les réponses à la tuberculose et aux MNT exigent également une gestion à long-terme, bien organisée et centrée sur la personne, dans le cadre de soins primaires complets la plupart du temps. Une réponse intégrée fait progresser la couverture sanitaire universelle en augmentant l’efficacité et l’efficience des services.

Un jalon commun pour les responsables de la santé : l’Assemblée générale des Nations Unies de 2018

World leaders recognised the urgency and the importance of addressing both epidemics in the Sustainable Development Goals, and 2018 is going to be an important year if we are to meet the Goals. Two United Nations General Assembly High-level Meetings on NCDs and mental health, and on TB will take place this year in New York: the third one for NCDs and the first for TB. Both epidemics will be raised to the highest political level, providing an opportunity to drive global efforts to beat NCDs and promote mental health and well-being, prevent avoidable deaths, extend and improve people’s lives and end TB, the top infectious killer in the world. Having these meetings back to back can help to forge the political will needed to prioritise, fund and enable the coordination of national NCD and TB policies and programmes, while applying an integrated approach.

Les dirigeants mondiaux ont reconnu qu’il était important et urgent d’aborder ces deux épidémies dans les Objectifs de développement durable, et 2018 sera une année charnière si nous voulons atteindre ces objectifs. Deux Réunions de haut niveau de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur les MNT et la santé mentale d’une part, et sur la tuberculose d’autre part, se tiendront cette année à New York. Ce sera la troisième pour les MNT et la première pour la tuberculose. Ces deux épidémies seront abordées au plus haut niveau politique, créant ainsi une opportunité pour mener des efforts mondiaux en vue de vaincre les MNT et promouvoir la santé mentale et le bien-être, empêcher des décès évitables, allonger et améliorer les vies et mettre fin à l’épidémie de tuberculose, qui est la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde. Tenir ces réunions à des dates rapprochées peut contribuer à créer la volonté politique nécessaire à prioriser, financer et permettre la coordination de politiques et programmes nationaux en matière de MNT et de tuberculose, tout en adoptant une approche intégrée.

Une ambition commune doit être étayée par des coalitions, des partenariats et un leadership

Nous sommes ambitieux, mais nous pensons qu’une réponse efficace de santé publique à la menace que représentent les MNT et la tuberculose peut être obtenue en tissant des coalitions et des partenariats solides au sein des gouvernements et dans toute la société civile.

À l’échelle mondiale et régionale, nous devons soutenir les pays à mesure qu’ils améliorent leur capacité à répondre à la tuberculose et aux MNT de façon conjointe, à interpeller les bailleurs de fonds internationaux afin de mieux s’adapter aux besoins du pays et à promouvoir la recherche et l’innovation. Nous sommes ambitieux, mais nous pensons qu’une réponse efficace de santé publique à la menace que représentent les MNT et la tuberculose peut être obtenue en tissant des coalitions et des partenariats solides au sein des gouvernements et dans toute la société. Nous comptons sur la société civile pour nous soutenir, prendre la parole, plaider cette cause et attirer l’attention des dirigeants mondiaux afin qu’ils prennent des mesures audacieuses et décisives en vue de sauver, allonger et améliorer des millions de vies. 2018 doit être l’année où nous opposons enfin un front uni à ces deux épidémies.  

Des opportunités communes pour défendre la santé pour tous

Les objectifs de l’OMS sont ambitieux : D’ici 2023, un milliard de personnes supplémentaires bénéficiant de la couverture sanitaire universelle, un milliard mieux protégées face aux situations d’urgence sanitaire et un milliard bénéficiant d’un meilleur état de santé et de plus de bien-être.

 

Les trois priorités stratégiques du nouveau programme général de travail de l’OMS répondent à des objectifs ambitieux : d’ici 2023, un milliard de personnes supplémentaires bénéficiant de la couverture sanitaire universelle, un milliard mieux protégées face aux situations d’urgence sanitaire et un milliard bénéficiant d’un meilleur état de santé et de plus de bien-être. Elles aideront la communauté mondiale à travailler de façon transversale sur les groupes de maladies et à parvenir à un monde plus sain pour tous.

 

À propos de l’auteur

Dr Svetlana Axelrod (@DrAxelrod_WHO) est Sous-Directrice générale de l’OMS chargée du Groupe Maladies non transmissibles et santé mentale et dirige les travaux de l’OMS concernant les maladies les plus meurtrières de notre époque, les MNT, et leurs principaux facteurs de risque. Elle supervise également le travail de l’organisation en matière de malnutrition sous toutes ses formes, maladies d’origine alimentaire et zoonoses, toxicomanie, invalidité, violence et blessures, et œuvre à promouvoir la santé buccale, ophtalmique et des oreilles, ainsi que la santé mentale et le bien-être. Les enjeux de santé mondiale associés à ces facteurs entraînent des souffrances et des millions de décès prématurés évitables ; ils menacent également le développement social et économique mondial.

Le Dr Axelrod est chargée de la coordination du processus de préparation de la troisième Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les MNT et la santé mentale qui se tiendra plus tard dans l’année, à New York. Les chefs d’État et de gouvernement y décideront les mesures audacieuses que le monde doit prendre pour réussir à atteindre la cible 3.4 des Objectifs de développement durable : d’ici à 2030, réduire d’un tiers, par la prévention et le traitement, le taux de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et promouvoir la santé mentale et le bien-être. Le Dr Axelrod coordonne également les travaux de la Commission indépendante de haut niveau de l’OMS sur les MNT, copréside le groupe de travail de l’OMS sur la société civile et supervise d’autres initiatives mondiales multi-parties prenantes qui apporteront des contributions au document final de la Réunion de haut niveau.