Maternal Health (Facing Forward)

Intégrer la santé maternelle et infantile et les services de lutte contre les MNT: la recette de la relance post-COVID

17 janvier 2022

Dans ce blog, la Dre Nimisha Goel (MBBS, MD), responsable de programme national au Partenariat Norvège-Inde, explore la santé maternelle, néonatale et infantile en Inde dans le contexte de la relance post-COVID, en se concentrant sur la charge des maladies non transmissibles (MNT) dans le pays et en plaidant pour un modèle de soins plus intégré et plus complet.

Alors que le monde se remet de l'impact dévastateur de la COVID-19, nous restons attentifs aux futures vagues et revenons tant bien que mal à la normale. La priorité est désormais de reconstruire en mieux. Si les pertes humaines et les souffrances infligées par cette pandémie sont accablantes, elles ont également mis en évidence les difficultés de nos systèmes de santé. Aujourd'hui, lorsque nous pensons à reconstruire en mieux, nous devons examiner les exemples qui ont fonctionné et ce qui pourrait être amélioré dans le cadre des ressources disponibles.

Les objectifs du Millénaire pour le développement ont permis de mettre l'accent sur la santé et la survie des mères et des enfants dans les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) et ont contribué à éviter 140 000 décès maternels en 2015 et à sauver la vie de 48 millions d’enfants entre 2000 et 2015.  En 2015, les objectifs de développement durable sont allés plus loin et ont permis d'aboutir à un accord mondial sur la couverture sanitaire universelle et la réduction de la mortalité évitable, quelle qu’en soit la cause.

Évolution des besoins de santé en Inde

L'Inde, deuxième nation la plus peuplée du monde et pays où naissent le plus d’enfants, a accompli des progrès considérables en matière d'amélioration de la survie maternelle et infantile au cours des dernières années.  Ces progrès sont en grande partie attribuables aux améliorations socio-économiques, à un meilleur accès aux soins de santé et aux efforts du gouvernement pour offrir un continuum de soins avec des allocations pour les femmes enceintes et les enfants. Toutefois, ces progrès sont menacés, compte tenu de la charge extrêmement élevée des maladies non transmissibles (MNT) dans le pays, auxquelles sont attribués plus de 55% des problèmes de santé et 61 % des décès. Cela s'explique en grande partie par le fait que les progrès réalisés sur le front des MNT ont été inférieurs à ceux obtenus en matière de santé maternelle et infantile. L'Inde est en passe de devenir la capitale mondiale des MNT et 23% des Indiens risquent de mourir prématurément à cause de ces maladies, qui nécessitent une prise en charge et des traitements à vie.

Le programme national de prévention et de lutte contre le cancer, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux (NPCDCS), lancé par le gouvernement indien en 2010, vise à intégrer les services de lutte contre les MNT dans le cadre existant de la Mission nationale pour la santé - qui était jusqu'alors principalement axée sur la santé maternelle, néonatale et infantile (SMNI) - afin d'optimiser les ressources communes confrontées à des priorités concurrentes et de fournir des services aux bénéficiaires. Dix ans plus tard, les bilans font état d’un manque de capacité de mise en œuvre, tant au niveau des établissements que du système, ainsi que d’une mauvaise coordination. Un modèle global intégré de prise en charge des MNT, en particulier au niveau des soins de santé primaires, a été suggéré comme une solution possible.

Des arguments solides en faveur de l'intégration

En raison des dérèglements à grande échelle subis par les services de prévention et la prestation des soins de santé à la suite de l'épidémie de COVID-19, on s'attend à une forte augmentation de la mortalité maternelle et infantile ainsi qu'à l'impact à plus long terme de l'augmentation des MNT.

Cette situation exige une meilleure mutualisation des ressources et une prise en charge intégrée de la SMNI et des MNT, selon une approche de la santé tout au long de la vie dans le cadre plus large de la couverture sanitaire universelle.  La pandémie a montré que tous les niveaux de soins devraient être en mesure de prendre en charge les maladies chroniques courantes et de fournir l'ensemble des services, y compris les services de prévention et de promotion. Jusqu'à ces dernières années, les infrastructures, les chaînes d'approvisionnement et les technologies étaient essentiellement axées sur les services de SMNI, mais elles peuvent désormais être facilement partagées et utilisées pour développer les services liés aux MNT.  Les soignants devraient également être formés et mieux équipés pour fournir un continuum de soins. Ainsi, les multiples points de contact avec le système de santé pendant la grossesse, l'accouchement et l'enfance (par exemple, la vaccination, le suivi de la croissance et du développement) peuvent servir de plateforme pour sensibiliser les membres de la famille aux MNT et au dépistage des MNT les plus habituelles.  L'enfance et l'adolescence sont des périodes pendant lesquelles de bonnes habitudes de vie peuvent être inculquées aux enfants grâce à des interventions en milieu scolaire pour la promotion de la santé.

La réussite de l'intégration dépend fortement du leadership, de la volonté et de l'engagement des pays à s'orienter vers un avenir résilient où la santé et le bien-être de la population sont préservés et où les gens peuvent s'épanouir et œuvrer au développement durable.

À propos de l’auteure

La Dre Nimisha Goel (MBBS, MD) travaille dans le domaine de la santé des femmes, des enfants et des adolescents depuis plus de dix ans en Inde, apportant principalement son soutien au ministère de la Santé du gouvernement indien sur ces questions. Elle travaille actuellement en tant que responsable de programme national pour l'Initiative de partenariat Norvège-Inde (NIPI). NIPI est une initiative conjointe des deux pays destinée à améliorer la survie de la mère et de l'enfant en Inde qui se concentre plus particulièrement sur certains états prioritaires.

Le Dr Ashfaq Bhat (MBBS, MPH), directeur de projet de NIPI, a également contribué à cet article.

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