Rwanda

Un avenir en meilleure santé pour les Rwandais avec une stratégie nationale sur les MNT

18 octobre 2021

La prévalence des MNT, telles que le diabète, les maladies cardiaques et les AVC, et les maladies respiratoires chroniques, augmente à un rythme alarmant sur le continent africain. Le problème est colossal et la réponse se doit d’être audacieuse.

L'Alliance Rwandaise sur les MNT, qui regroupe les organisations de la société civile travaillant sur ces maladies, fait partie des partenaires qui se sont engagés à inverser cette tendance dangereuse de l'augmentation des MNT et à assurer un avenir en meilleure santé au Rwanda. Avec le lancement officiel, le 29 septembre 2021, par le ministère de la Santé, de la stratégie nationale et du plan d'action chiffré pour la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles, le Rwanda a franchi une étape importante dans la prévention et la maîtrise de ces maladies. Cette stratégie est le fruit d'une collaboration multisectorielle impliquant des experts et des praticiens de la santé, le gouvernement et d'autres parties prenantes, ainsi que des membres de la communauté, et notamment des personnes vivant avec des MNT. Grâce à une approche pansociétale, elle devrait renforcer la décentralisation et l'intégration actuelles des services de lutte contre les maladies non transmissibles ainsi que le système de couverture sanitaire universelle, permettant ainsi aux personnes de tous âges et aux communautés de tout le pays de bénéficier d’une prise en charge.

Le plan indique comment 358,15 milliards de RWF (plus de 300 millions d'euros) seront affectés à des actions de lutte contre les MNT au cours des cinq prochaines années, à travers quatre objectifs stratégiques, chacun d'entre eux étant assorti de résultats et de mesures attendus qui feront l’objet d’un suivi.

4 objectifs pour améliorer la santé des Rwandais

Le premier objectif stratégique est la prévention des MNT par la promotion de la santé et la réduction des facteurs de risque, qui incluent la mauvaise alimentation, la sédentarité, le tabagisme, la consommation nocive d'alcool, la pollution de l’air intérieur, l'exposition professionnelle à des substances cancérigènes et les infections sources de MNT. L'exposition à bon nombre de ces facteurs de risque commence dès l'enfance, voire pendant la période intra-utérine. Il est donc crucial que la population générale dispose d'un bon niveau de connaissances en matière de santé, afin de pouvoir faire les bons choix santé. Les programmes d'éducation à la santé doivent être mis en œuvre au-delà des centres de soins, dans les écoles, sur les lieux de travail et dans la communauté. Le gouvernement se chargera également d’élaborer et de renforcer des politiques et réglementations relatives aux facteurs de risque des MNT.

Le deuxième objectif consiste à renforcer les systèmes de santé pour une détection précoce, une prise en charge et un traitement des MNT de qualité à tous les niveaux. Cela implique un diagnostic précoce grâce à des programmes de dépistage des MNT dans les communautés, sur les lieux de travail et dans les centres médicaux, ainsi qu'un meilleur accès aux médicaments, aux services de laboratoire et aux technologies liés aux MNT. Il s’agit également de renforcer les capacités des agents de santé communautaires afin de veiller à ce que la prise en charge des maladies non transmissibles soit possible dans toutes les communautés du Rwanda.

Le troisième objectif porte sur le renforcement de la surveillance et de la recherche sur les maladies, qui doivent aller de pair avec des systèmes de suivi et d'évaluation solides, pour des interventions fondées sur des données factuelles. Pour y parvenir, le ministère de la Santé renforcera l'utilisation des systèmes de dossiers médicaux électroniques et des registres de maladies. Des systèmes de surveillance des facteurs de risque des MNT seront également développés et mis en œuvre. 

Enfin, le quatrième objectif vise à accroître les mécanismes de coordination de la prévention et la maîtrise des MNT dans tous les secteurs. Cela passe par la création d'un comité national multisectoriel de haut niveau pour les MNT, le renforcement des partenariats locaux et internationaux et le développement de projets de partenariat public-privé.

« Investir maintenant dans la prévention permettra de réaliser des économies à l'avenir, de réduire les montants qui devraient autrement être déboursés pour traiter les Rwandais à des stades avancés de cancer, de diabète et de maladies cardiovasculaires », a déclaré le Dr Daniel Ngamije, ministre de la Santé. « Le secteur de la santé ne peut surmonter seul les défis de l'augmentation des MNT dans le pays, mais une action multisectorielle de prévention et de maîtrise des MNT est nécessaire au plan national. »

La clé du succès : une action multisectorielle dans l’ensemble de la communauté

Le plan stratégique montre comment une approche multisectorielle réunissant les ministères des Sports, de l'Alimentation et de la nutrition, du Commerce, de l'Environnement, de l’Éducation et des Collectivités locales, d’une part, et le renforcement des capacités des agents de santé de première ligne dans les villages du Rwanda, d’autre part, accompagnent l'investissement à long terme pour un avenir en meilleure santé.

Selon le Dr Sabin Nsanzimana, directeur général du Centre biomédical du Rwanda, « ce plan stratégique est véritablement multisectoriel et appelle les acteurs du gouvernement, les entités privées, les organisations de la société civile et la population dans son ensemble à jouer chacun leur rôle. Elle appelle tous les membres de la société à apporter leur pierre à l’édifice afin de créer des communautés en bonne santé. »

Le Dr François Uwinkindi, responsable des maladies non transmissibles au Centre biomédical du Rwanda, a souligné que la réussite de la mise en œuvre du plan d’action stratégique passe par la nécessité d'adopter des « approches couvrant tout le cycle de vie, fondées sur les droits de la personne humaine, l'équité et les données factuelles » afin de toucher l'ensemble de la population et d'intégrer les services liés aux MNT dans le système de soins de santé primaires existant.

L'objectif primordial de ce plan est de réduire de 25 % la mortalité prématurée due aux MNT d'ici 2025. C'est un objectif ambitieux, mais rien n'est plus important pour le bien-être de notre pays et de nos concitoyens. Nous espérons voir d'autres pays d'Afrique et d'ailleurs mettre en œuvre des approches similaires, et ce rapidement. Alors que l'épidémie de maladies non transmissibles continue de s’amplifier, il n'y a pas de temps à perdre.

 


 

À propos de l’auteur

Le Prof. Joseph Mucumbitsi est un membre fondateur et Président de l'Alliance rwandaise sur les MNT, et vice-président de l'Alliance sur les MNT d'Afrique de l'Est, toutes deux fondées en 2016. En tant que membre du groupe de travail technique national sur les MNT, Joseph a travaillé en étroite collaboration avec le ministère de la Santé et le Centre biomédical du Rwanda sur la politique, le plan stratégique et le plan d'action nationaux sur les MNT, ainsi que sur les protocoles et directives de traitement de ces maladies.