Les MNT suscitent une discussion de fond et un débat lors du Conseil exécutif de l’OMS
31 janvier 2018
31 janvier 2018
La révision du projet de 13ème Programme général de travail (PGT13) suite à la session extraordinaire du Conseil exécutif en novembre s’est poursuivie pendant le CE et a donné lieu à plusieurs amendements. Parmi ceux ayant trait aux MNT, une référence plus appuyée à l’activité physique et à l’alimentation, ainsi qu’au Mécanisme mondial de coordination pour la lutte contre les MNT. Ces amendements répondent aux appels lancés par la NCDA dans ses déclarations et ont encore renforcé l’accent mis dans le document sur la prévention des MNT.
L’Alliance sur les MNT et d’autres organisations de la société civile ont souligné le besoin d’équilibrer prévention et prise en charge des MNT, en mettant notamment l’accent sur l’intensification des « meilleurs choix » de prise en charge, dans le cadre de la couverture sanitaire universelle largement abordée par le PGT13.
Les États membres ont convenu de soumettre le PGT13 à l’examen de la 71ème Assemblée mondiale de la santé (AMS71) prévue en mai. Dans sa résolution, le CE demande également que soient parachevés le cadre d’impact du Programme, les estimations financières et le dossier d’investissement, en amont de l’AMS71.
Tandis que les États membres réunis à Genève discutaient de la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les MNT (RHN-ONU) plus tard cette année, l’Italie et l’Uruguay ont été nommés par le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York co-facilitateurs pour guider les États membres dans les négociations autour d’une résolution sur les modalités et d’un document final. Lors du CE, l’Uruguay a souligné l’importance de la feuille de route de Montevideo comme contribution à la RHN-ONU, tandis que l’Italie gardait le silence à propos du rapport du CE sur les MNT et les préparatifs en vue de la RHN.
Le Directeur général Dr Tedros a insisté dans sa réponse sur le fait que les progrès en matière de lutte contre les MNT ne sont pas lents par manque de solutions factuelles, mais par manque d’action et de volonté politique.
Tandis que de nombreux États membres saluaient le ton grave du rapport, la délégation américaine en a critiqué le « manque d’objectivité », en insistant particulièrement sur les descriptions détaillées des obstacles au progrès, notamment la faiblesse de l’action politique, le manque de cohérence politique et l’ingérence de l’industrie. Le Directeur général Dr Tedros a insisté dans sa réponse sur le fait que les progrès en matière de lutte contre les MNT ne sont pas lents par manque de solutions factuelles, mais par manque d’action et de volonté politique. Pour illustrer son propos, il a égrené à haute voix la liste des États membres qui ont ratifié le Protocole pour éliminer le commerce illicite des produits du tabac, qui doit être ratifié par six pays de plus pour devenir un traité international. Il a mis au défi les États membres, et particulièrement les membres du Conseil exécutif, de ratifier le protocole avant l’échéance de juillet.
En marge des délibérations officielles, de nombreux États membres se sont fortement réjouis de l’organisation à la suite l’une de l’autre de la RHN-ONU et de la RHN-ONU sur la tuberculose en septembre, mais ont exprimé leur inquiétude quant au manque de consensus sur les résultats attendus de la RHN-ONU sur les MNT.
À la suite de nouveaux accords conclus entre l’OMS, le PNUE et la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique et destinés à renforcer la coopération et la coordination multisectorielle, les États membres se sont ralliés à une proposition pour que l’OMS élabore un projet de plan d’action qui traiterait des effets du changement climatique sur la santé, dans un premier temps dans les petits États insulaires en développement, et un projet de stratégie mondiale d’envergure sur la santé, l’environnement et le changement climatique. Ces deux projets seront examinés lors de la 72ème Assemblée mondiale de la santé en 2019.
L’activité physique a été au cœur des discussions de l’AMS70, sous forme d’un point de l’ordre du jour abordé dans le cadre du projet de Plan d’action mondial pour l’activité physique (GAPPA) et avec le soutien de l’OMS qui prêche par l’exemple en organisant régulièrement des pauses dansées, grâce aux rappels insistants de la délégation thaïe. Le GAPPA a rallié un très grand soutien, notamment s’agissant de la cible volontaire intégrée à l’échelle mondiale de 15% de réduction relative de la sédentarité d’ici 2030 (en prolongement de la cible volontaire mondiale existante de 10%).
De nombreux États membres ont reconnu l’importance de l’activité physique tout au long de la vie, comme une chance unique de réduire les MNT et d’améliorer la santé. Le CE a adopté une résolution approuvant le GAPPA et demandant à l’OMS de finaliser un cadre de suivi et d’évaluation sur la mise en œuvre du plan d’action mondial, notamment un ensemble recommandé d’indicateurs de processus et d’impact. La résolution a également appelé l’OMS à mettre à jour les directives 2010 sur l’activité physique et à préparer le premier rapport de situation mondial sur l’activité physique d’ici 2020.
Unis sur l’importance de l’accès aux médicaments pour réaliser la couverture sanitaire universelle mais très divisés sur la manière d’aborder la question, les États membres ont passé de longues heures à négocier une décision pour répondre à la pénurie mondiale de médicaments et à l’accès à ces médicaments. Ils ont demandé au DG d’élaborer une feuille de route sur la programmation de travail de l’OMS sur l’accès aux médicaments et aux vaccins, qui inclurait des activités, des actions et des éléments livrables pour la période 2019-2023, sans oublier la stratégie et le plan d’action mondial sur la santé publique, l’innovation et la propriété intellectuelle.
En savoir plus sur ces négociations.
Les discussions au sein du Conseil exécutif ont élevé l’alimentation au rang de priorité, renforçant ainsi l’accent mis dans le PGT13 sur la malnutrition sous toutes ses formes, ainsi que les efforts menés sous l’égide de l’OMS et de la FAO dans le cadre de la Décennie des Nations Unies – Action sur la nutrition. Les États membres ont également pris acte de la prolongation des cibles de l’AMS en matière de nutrition de 2025 à 2030 et ont approuvé les quatre indicateurs restants du Cadre mondial de suivi de la nutrition chez la mère, le nourrisson et le jeune enfant.
L’approche proposée par l’OMS consistant à se prémunir contre d’éventuels conflits d’intérêts dans les programmes alimentaires a été notée et saluée par plusieurs pays, dont le Nigéria, la Thaïlande, les Philippines et l’Inde, qui ont manifesté leur intérêt à piloter l’outil.
Les États membres ont reconnu l’immense potentiel de transformation des systèmes de santé que présente mHealth, qui « rapproche la santé et les personnes » (UE et Thaïlande) et améliore les liens entre hôpitaux et structures de soins de santé primaires grâce aux dossiers médicaux électroniques. Il a également été souligné que mHealth est un atout pour les systèmes de santé, mais qu’il ne se substitue pas aux services de santé traditionnels.
La possibilité d’exploiter mHealth pour combattre les MNT, tant en termes de prévention que d’autogestion, a été notée. Presque tous les États membres ont souligné le besoin de développer des réglementations strictes de protection des données. Une résolution sur mHealth, proposée à l’initiative de l’Inde, sera débattue lors de l’Assemblée mondiale de la santé 2018.
La mobilisation de l’OMS auprès d’acteurs non étatiques, notamment le secteur privé, continue de faire l’objet de discussions et d’interventions. Tandis que certains États membres ont pris la parole à maintes reprises pour défendre les partenariats public-privé, d’autres ont partagé leur inquiétude quant à l’ingérence d’industries productrices de denrées mauvaises pour la santé, surtout dans le cadre de la prévention et de la maîtrise des MNT. Le DG de l’OMS a reconnu le besoin d’éviter les conflits d’intérêts, tout en indiquant qu’il n’était pas envisageable de se désolidariser du secteur privé.
Le Conseil a adopté l’ordre du jour provisoire de la 71ème Assemblée mondiale de la santé (AMS71), qui se tiendra du 21 au 26 mai sur le thème de la couverture sanitaire universelle. L’AMS 71 sera suivie de la 143ème session du CE, les 28 et 29 mai.