Un rapport du Secrétaire général des Nations Unies sur les MNT dénonce sans détour un manque de progrès
5 Mars 2018
5 Mars 2018
« Les actions entreprises pour réaliser les engagements pris en 2011 et 2014 ne sont pas à la hauteur… le niveau de progression actuel est insuffisant pour atteindre la cible 3.4 des Objectifs de développement durable qui porte sur les maladies non transmissibles et … le monde n’a pas encore tenu sa promesse : prendre des mesures en vue de réduire le risque de décès prématuré imputable aux maladies non transmissibles à travers la prévention et le traitement ».
Voici le jugement sans détour du rapport du Secrétaire général de l’Onu sur les MNT publié la semaine dernière.
Ce rapport est destiné à évaluer les progrès accomplis depuis 2014 dans la mise en œuvre du Document final et de la Déclaration politique des deux réunions tenues à ce jour par l’Assemblée générale des Nations Unies sur les MNT, en 2011 et en 2014. La troisième réunion de l’AGNU sur les MNT se tiendra plus tard cette année.
Le texte fait remarquer que « malgré des besoins modestes en ressources financières et la rentabilité des interventions, les fonds alloués aux programmes nationaux provenant de sources nationales et internationales restent très insuffisants dans les pays en développement. L’aide publique au développement, qui permet de favoriser la mobilisation de financements additionnels provenant d’autres sources, est resté à un niveau proche de zéro depuis 2011. S’il existe des exemples indéniables d’avancées, les progrès sont inégaux et n’auront pas d’impact significatif sur la réalisation de la cible 3.4 ».
Le rapport invite à prendre des engagements plus audacieux et formule des recommandations quant aux principales priorités de campagne de l’Alliance sur les MNT, telles que le besoin pressant d’investissements accrus dans les MNT et l’accélération de la mise en œuvre des meilleurs choix (best buys) de l’OMS, dont par exemple les mesures fiscales telles que la taxation du tabac, de l’alcool et des boissons sucrées. Il évoque les principales entraves au progrès telles qu’une action politique trop faible au plus haut niveau, le manque de cohérence dans les politiques qui en résulte dans tous les secteurs gouvernementaux et une intégration insuffisante des MNT dans les plans et stratégies nationaux de développement durable, ayant pour conséquence une mobilisation insuffisante des ressources au plan national et international.
Le document met également en exergue la nécessité de traiter les déterminants commerciaux de la santé, tels que les ingérences de l’industrie, mais également les politiques économiques, d’investissement et commerciales, et souligne l’importance des mesures politiques en amont, comme par exemple un rôle accru du système onusien.
« Les dirigeants politiques du monde entier ont le choix : soit ils avancent vers un avenir malade tels des somnambules, comme ils le font actuellement, soit ils peuvent décider qu’il vaut la peine de sauver des centaines de millions de vies ». - Katie Dain, Présidente-directrice générale de l’Alliance sur les MNT.
La Présidente-directrice générale de l’Alliance sur les MNT, Katie Dain, a décrit le rapport comme un appel de plus lancé aux États membres de l’ONU afin qu’ils prennent conscience de l’impact gargantuesque des MNT sur la santé de leurs populations et de leurs économies et qu’ils agissent. « Les dirigeants politiques du monde entier ont le choix : soit ils avancent vers un avenir malade tels des somnambules, comme ils le font actuellement, soit ils peuvent décider qu’il vaut la peine de sauver des centaines de millions de vies », a ajouté Madame Dain.
Le rapport du Secrétaire général prend note du travail mené par l’Alliance sur les MNT en tant qu’organisation de la société civile de premier plan, et inclut des descriptions des deux forums mondiaux de la société civile organisés par l’Alliance sur les MNT qui se sont tenus en 2015 et 2017 à Sharjah.
Le rapport lance un appel à la créativité et à l’innovation, afin de trouver de nouveaux moyens de surmonter les obstacles pour répondre aux MNT et œuvrer de concert. Ces moyens devraient « faire pleinement usage de l’expertise, de la technologie et des ressources existantes pour soutenir la mise en œuvre des « meilleurs choix » (best buys) et d’autres interventions recommandées ».
« Œuvrer de concert pour répondre aux maladies non transmissibles exige un engagement renouvelé de travailler ensemble dans tous les secteurs et plateformes... La barre est haute pour 2018, car les progrès accomplis depuis 2011 ont été insuffisants et très inégaux », conclut le rapport.
Voici quelques-unes de ses recommandations :