Les MNT et les trois piliers du développement durable
Développement durable : « répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de satisfaire leurs propres besoins. »
Améliorer la santé des populations, notamment grâce à la prévention et à la maîtrise des MNT, est essentiel pour progresser sur les trois piliers que sont la croissance économique, l’équité sociale et la protection de l’environnement, afin d’atteindre l’objectif final qu’est le développement durable.
La multiplicité des déclarations des Nations Unies, résolutions et accords internationaux prouve que les gouvernements reconnaissent les interconnexions entre santé, MNT et développement durable.
La Déclaration de Johannesburg sur le développement durable de 2002 montre une reconnaissance précoce de ce lien, tandis que plus récemment, la Déclaration politique des Nations Unies de 2012 sur la prévention et la maîtrise des MNT reconnaît que la charge mondiale des MNT « vient remettre en cause le développement social et économique dans le monde entier. » Malgré la reconnaissance politique, la réponse mondiale à l’épidémie de MNT a été lente et l’épidémie continue de progresser, freinant ainsi les progrès en matière de développement durable.
L’impact de l’épidémie de MNT sur la croissance économique indique que la santé est un facteur important de développement économique, tout en démontrant le bien-fondé d’une approche plus holistique du développement. Le bien-être national, régional et mondial dépend de plus en plus d’un processus de développement qui aborde les systèmes sociaux et environnementaux sains et la croissance économique comme un seul bloc, afin de réaliser le développement durable.
Aborder la question des MNT est essentiel pour la croissance économique et la réduction de la pauvreté
Les MNT nuisent à la croissance économique au plan mondial et national en freinant la productivité des salariés et en accaparant des ressources productives pour traiter la maladie. Le coût économique mondial des MNT est estimé à 47 000 milliards de $US à l’horizon 2030, soit environ 75% du PIB mondial 2010.
La réduction des MNT est un préalable à la réduction des inégalités sociales et économiques et à l’accélération du développement durable
Les MNT et le développement durable dépendent de la décision de s’attaquer aux inégalités qui maintiennent les peuples et les sociétés dans la pauvreté et sont un frein aux améliorations économiques.
Des déterminants sociaux tels que l’éducation et le niveau de revenus influencent la vulnérabilité aux MNT et l’exposition à leurs facteurs de risques modifiables.
Les personnes dont le niveau d’instruction et le statut socioéconomique sont les plus bas sont de plus en plus exposées aux risques de MNT et touchées de façon disproportionnée par les MNT.
Aborder les déterminants sociaux des MNT et la santé de façon plus globale permettra de mieux progresser vers l’éradication de la pauvreté et de promouvoir une société plus équitable, vecteur de développement durable.
Les systèmes environnementaux non-durables augmentent les risques de MNT
Les systèmes environnementaux non-durables exacerbent les risques de MNT et contribuent directement à l’alourdissement de la charge des MNT.
Le cadre naturel a un impact majeur sur la santé humaine. Environ un quart de la mortalité et de l’incapacité dans le monde est imputable à des facteurs environnementaux. Les risques de MNT naissent souvent de pratiques et systèmes environnementaux non-durables, notamment en matière d’agriculture, de commercialisation du système alimentaire et d’urbanisation. La modification de ces systèmes agricoles peut directement agir sur les émissions de gaz à effet de serre, la qualité de l’alimentation, la dégradation des sols, la pollution et la biodiversité. La culture du tabac, qui participe du déboisement et de la dégradation des sols, a également contribué à déplacer des cultures vivrières telles que les légumes et légumineuses au Bangladesh et la cassave, le mil et la patate douce au Kenya.
L’urbanisation non planifiée et non maîtrisée contribue également aux risques environnementaux. La mauvaise qualité de l’air due aux émissions de gaz à effet de serre accroît le risque de développer des MNT. Les villes et les transports sont responsables de la majorité des émissions de dioxyde de carbone. Le développement urbain et les systèmes de transport individuels peuvent être source de sédentarité, ce qui augmente le risque de MNT. La pollution de l’air intérieur et la fumée de biomasse ou de charbon dégagée par des réchauds inefficaces peuvent provoquer des maladies respiratoires et cardiovasculaires, particulièrement chez les femmes et les enfants, qui passent davantage de temps à la maison.
Les habitants des PRITI sont de plus en plus exposés à ces risques de MNT, car leurs environnements changent plus vite que leurs ressources et leur capacité de protection.
Une population mondiale en bonne santé est indispensable pour progresser sur les trois piliers du développement durable que sont la croissance économique, l’équité sociale et la protection de l’environnement. Les liens établis ci-dessus prouvent qu’assurer et promouvoir une bonne santé pour tous repose sur l’intégration de la prévention et de la maîtrise des MNT dans les politiques et programmes de développement durable. Ce faisant, les gouvernements limiteront les impacts négatifs des pratiques non durables de développement et inverseront la courbe de l’épidémie de MNT, tout en réaffirmant le principe premier de la Déclaration de Rio de 1992, qui défend « une vie saine et productive en harmonie avec la nature. »