View of air pollution

COP26 : un sommet pour le climat et l’humanité

29 octobre 2021

Alors que le monde se prépare à la 26ème Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP26), qui se tiendra à Glasgow, au Royaume-Uni, du 31 octobre au 12 novembre 2021, Jess Beagley, consultante climat et environnement pour la NCDA, décrit les enjeux pour la santé mondiale : « code rouge pour l'humanité » 

En août 2021, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) a publié son dernier rapport sur la science physique du changement climatique . Ce rapport, une synthèse de 4 000 pages des meilleures données probantes dans le monde entier, a été rédigé par des centaines de scientifiques, à la demande des 195 États membres du GIEC. 

Selon les propres termes du Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, le rapport a constitué un « code rouge pour l’humanité ». En effet, juillet 2021 a été le mois le plus chaud jamais enregistré, et de tels niveaux de réchauffement planétaire sont à l'origine de phénomènes météorologiques extrêmes comme ceux observés ces derniers mois dans le monde entier, qui mettent en péril la santé et les moyens de subsistance, et sapent des décennies de progrès en matière de développement humain. En contradiction directe avec les principes avancés par les négationnistes du climat aux quatre coins du monde, le rapport affirme qu'« il est incontestable que l'atmosphère, les océans et les terres se sont réchauffés sous l’influence des êtres humains ». 

Des données récentes indiquent que 83 millions de décès cumulés seront dus aux seuls effets du changement climatique liés à la chaleur d'ici 2100. Alors que le monde se prépare à la COP26, les gouvernements doivent examiner la manière dont les politiques peuvent répondre à la menace existentielle du changement climatique. Sans un changement révolutionnaire, à tout le moins, nous ne serons pas à la hauteur des mesures nécessaires pour protéger la santé des générations actuelles et futures.  

Les conséquences de l’inaction

En signant l'Accord de Paris en 2015, les gouvernements ont accepté de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2°C, et de préférence à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels. Et le monde a assisté, horrifié, aux conséquences de l'inaction. Au cours des derniers mois, des événements catastrophiques mortels se sont produits : la destruction de Lytton dans l'ouest du Canada et de villages en Grèce, ravagés par des incendies de forêt ; des inondations en Chine, en Allemagne, en Inde, au Niger, aux États-Unis et en Belgique ; des cyclones en Indonésie et aux Fidji, et la famine à Madagascar. Tous ces événements se produisent à seulement 1,1°C de réchauffement moyen dans le monde. Les personnes vivant avec des maladies non transmissibles sont parmi les plus à risque en raison de leur vulnérabilité accrue aux vagues de chaleur et à la mauvaise qualité de l'air, et de leur dépendance de l'accès aux médicaments et aux traitements vitaux, qui est mis à mal lorsque des inondations, des tempêtes et des cyclones déplacent des communautés, coupent les chaînes d'approvisionnement et les voies d'accès aux services de santé essentiels et détruisent des hôpitaux. 

Les gouvernements réfléchiront à la manière de répondre au rapport du GIEC qui montre que limiter le réchauffement à 1,5˚C nécessite une transformation majeure et immédiate d’une portée et à une vitesse sans précédent. Une limite de 1,5˚C au réchauffement n'est pas sans danger pour tous, mais les risques associés au réchauffement sont sensiblement plus faibles à 1,5˚C qu'à 2˚C. Les mesures visant à limiter le réchauffement protègent les populations non seulement parce qu’elles réduisent le risque de phénomènes météorologiques extrêmes, mais également parce que les solutions qui atténuent le changement climatique présentent aussi de grands avantages en termes de prévention des maladies non transmissibles.  

Ainsi, les secteurs de l'énergie, de l'alimentation et de l'agriculture sont les principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre. Dans le secteur de l'énergie, le passage des combustibles fossiles aux énergies renouvelables entraîne une réduction de la pollution atmosphérique. Les systèmes alimentaires qui favorisent l'accès à des régimes alimentaires riches en végétaux et pauvres en viande (en particulier la viande rouge) et en aliments transformés réduisent considérablement les émissions et améliorent la santé en prévenant les maladies non transmissibles liées à l'alimentation. Les systèmes de transport qui favorisent les transports actifs et publics par rapport à l'utilisation de la voiture permettent d'atteindre des niveaux d'activité physique plus élevés. Les projections réalisées dans neuf pays seulement montrent que les transformations dans ces secteurs pourraient sauver des millions de vies chaque année d'ici 2040 grâce à l'amélioration de la qualité de l'air (1,64 million), une alimentation plus saine (6,43 millions) et l'augmentation de l'activité physique (2,09 millions) respectivement, et ce avant même de prendre en compte les avantages sanitaires de la réduction des impacts climatiques.  

Le secteur des soins de santé représente également à lui seul 4,4 % des émissions mondiales. Si le secteur des soins de santé était un pays, il serait le cinquième plus grand émetteur de la planète. Afin de protéger la santé des populations, le secteur des soins de santé doit donc à la fois réduire son empreinte carbone et devenir plus résilient aux impacts du changement climatique.

Des solutions politiques qui sauvent des vies et améliorent la santé mondiale

L'Alliance sur les MNT est membre du Réseau Santé et Climat (Health and Climate Network), une coalition internationale d'organisations des secteurs de la santé, du climat, de l'énergie, de l'alimentation et des transports, hébergée par le Wellcome Trust. Ce réseau s'efforce de placer les résultats positifs en matière de santé au cœur des réponses à la crise climatique, en préconisant des solutions politiques fondées sur des éléments probants qui sauvent des vies et améliorent la santé mondiale. En 2021, la NCDA a contribué à quatre réunions d’information sectorielles avec des recommandations politiques prioritaires publiées par le réseau avant la COP26. Vous pouvez les consulter ici.

En outre, l'Organisation mondiale de la Santé a publié un rapport spécial sur le changement climatique et la santé à l'occasion de la COP26, en s'appuyant sur des consultations avec la communauté sanitaire. Dans deux jours, le Compte à rebours du Lancet sur la santé et le changement climatique publiera son rapport 2021, soulignant une fois de plus à quel point il est crucial d'agir avec force dès à présent pour protéger la santé. En relayant ces messages, la communauté de la santé peut contribuer à renforcer l'ambition climatique lors de la COP26 et au-delà, pour le bien de tous, partout.  

La COP sur le climat est la plus grande conférence annuelle des Nations Unies, à laquelle assistent en moyenne quelque 25 000 participants. La COP26 à Glasgow sera la cinquième conférence de ce type depuis l'adoption de l'Accord de Paris en 2015, et la première depuis que les gouvernements doivent avoir soumis leurs plans nationaux actualisés (appelés « Contributions déterminées au niveau national » ou CDN) pour réduire les émissions conformément au traité.

La COP26 arrive à un moment charnière pour évaluer l'écart entre les actions actuelles et celles requises pour répondre au changement climatique, et les mesures à prendre pour le combler. Malgré une baisse momentanée des émissions de dioxyde de carbone due à la pandémie de COVID-19, le monde se dirige toujours, depuis fin 2020, vers une augmentation de la température de plus de 3 °C au cours de ce siècle.

Mettre les personnes et la planète au premier plan

On ne saurait surestimer l'importance de la COP26 pour le climat et donc pour l'humanité, mais il reste à voir si la volonté politique nécessaire pour faire primer les personnes et la planète sur d'autres intérêts et obstacles sera réellement affichée. Les financements accordés par les pays à revenu élevé aux économies à revenu faible et intermédiaire pour leur permettre de mettre en œuvre des politiques d'atténuation et d'adaptation aux changements climatiques, protégeant à la fois leurs propres populations et la population mondiale, sont loin d'atteindre les 100 milliards de $US promis précédemment par les gouvernements. 

La communauté des MNT et de la santé en général a donc un rôle crucial à jouer dans la préparation de la COP26. Mettre l'accent sur les effets des changements climatiques sur la santé, et sur les avantages supplémentaires des mesures d'atténuation pour tous les secteurs, peut susciter un soutien politique cruellement nécessaire en faveur d’une action ambitieuse. Le changement climatique menace la santé des personnes partout dans le monde, aujourd'hui et de plus en plus pour les générations futures. Les mesures prises pour lutter contre les changements climatiques sauvent des vies et sont judicieuses tant sur le plan sanitaire qu'économique.  

 


 

À propos de l’auteure

Jess Beagley (@JessicaBeagley) travaille à la croisée des politiques sanitaire et climatique. Elle a neuf ans d'expérience dans le domaine de la santé publique et des déterminants environnementaux, ayant précédemment travaillé avec le Compte à rebours du Lancet sur la santé et les changements climatiques, l’Alliance sur les MNT et la Fédération internationale du diabète.