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Santé cardiovasculaire : le cabinet médical, une partie de la solution

5 octobre 2022

Chaque année, le 29 septembre, la campagne de la Journée mondiale du cœur touche de plus en plus de personnes avec des messages de sensibilisation, d'action - et d'espoir. Pour la 22èmeédition, nous voulons que tout le monde utilise son cœur #UseHeart et s'efforce de parvenir à l'équité en matière de prévention, de traitement et de prise en charge. Les secteurs doivent s'unir - médecins, décideurs, secteur privé, milieux universitaires et groupes de patients. Ce n'est pas un défi insurmontable et nous devons le relever pour améliorer la santé, le bien-être et la productivité des sociétés.

Nous comblons certaines lacunes en matière de soins cardiovasculaires et nous étoffons chaque jour notre expertise. Et pourtant, nombreux sont celles et ceux, notamment au sein des communautés les plus vulnérables, qui restent exposés à des insuffisances cardiaques potentiellement évitables et à des affections gérables.

Grâce à de nouveaux outils de diagnostic, de prévention et de traitement, le pronostic change pour de nombreux patients, notamment les plus de 500 millions de personnes qui vivent avec une maladie cardiovasculaire (MCV). Les interventions de santé numérique (ISN), qu’il s’agisse de plateformes de messagerie texte, d’applications de santé mobile, de consultations de télésanté et de dispositifs portables ont donné un coup de fouet aux soins de santé, en partie entraînées par la pandémie de COVID-19. La pénétration des services de santé numériques constitue une opportunité et une priorité pour élargir l'accès aux soins et réduire la mortalité, la morbidité et les incapacités cardiovasculaires. Il faut désormais que des politiques et des infrastructures de santé bénéfiques créent un environnement propice pour que nous puissions tirer parti de cette évolution positive.

Vers des cœurs plus forts

Il y a plusieurs dizaines d'années, la cardiologie n'aurait jamais imaginé les progrès accomplis aujourd'hui : amélioration des méthodes de diagnostic telles que l'imagerie, la génétique, les biomarqueurs, et nouvelles modalités de traitement, qu'il s'agisse de nouveaux médicaments ou de nouveaux dispositifs pour déboucher les artères obstruées ou réguler le rythme cardiaque. Je me souviens encore de mes premières expériences en cardiologie, lorsque, par exemple, l'échocardiographie ou la cardiologie interventionnelle en étaient à leurs débuts.

Lors d'une récente visite au Mozambique, où l'équipe du partenariat Colours to Save Hearts s’efforce de mettre fin au rhumatisme articulaire aigu, j'ai été accueilli par le sourire d'au moins 100 enfants âgés de 5 à 10 ans. Ces événements marquants donnent un nouvel élan à la mission d’améliorer la santé cardiovasculaire et de réduire les décès et souffrances prématurés.

Le fait d'être en première ligne pour lutter contre les MCV, qui sont la principale cause de mortalité, a apporté son lot de satisfactions, mais aussi de déceptions. Déception, parce que vous rencontrez des patients qui auraient pu éviter des cardiopathies grâce à un mode de vie consistant en une alimentation saine, l'arrêt du tabac, la réduction de la consommation d'alcool et une pratique sportive régulière - même modérée. Vous constatez également directement les obstacles inutiles, pour beaucoup dans des communautés mal desservies, et qui peuvent être surmontés grâce à des politiques de santé plus justes et plus solides.

Relier les maillons de la chaîne de soins

Nous devons considérer les coûts sanitaires comme des investissements dans la santé en vue d’éviter les complications et d’améliorer la qualité de vie de tous, partout dans le monde. Prenons l'exemple de l'hypertension : elle touche 1,3 milliard de personnes, et seule une personne sur 5 la maîtrise et elle constitue un facteur de risque de MCV, alors qu’il existe des traitements abordables.

Je suis encouragé par le fait que trois de mes enfants suivent un parcours médical : nutrition clinique, réadaptation cardiaque et médecine interne. Outre une main-d'œuvre formée pour répondre à la demande, il s'agit d'ouvrir l'accès aux soins, dans les villes et les zones rurales, dans les pays à revenu faible et intermédiaire et dans les zones mal desservies des pays développés. Lors du Sommet mondial du cœur de cette année, des intervenants de premier plan ont discuté d'initiatives et avancé des idées pour améliorer les mécanismes de politique, de financement, d'éducation et de partenariat susceptibles de renforcer la prestation des soins de santé.

À l'occasion de la Journée mondiale du cœur, nous souhaitons également toucher celles et ceux qui allouent les ressources, et qui définissent et décident des politiques. L'Observatoire mondial du cœur, qui vient d'être lancé, est une source unique de données et de connaissances permettant d'orienter les principes et les pratiques en matière de santé cardiovasculaire ; la future Vision mondiale du cœur 2030 (World Heart Vision 2030) est un plan d'action pour tous les secteurs.

Nous avons besoin de tout le monde à la manœuvre : les praticiens de la santé, les concepteurs et les responsables de la mise en œuvre des dispositifs et des traitements de santé, les organismes de réglementation chargés de fixer les prix et d'approuver les traitements, les responsables politiques qui définissent les cadres pour des soins accessibles et abordables, les milieux universitaires, les groupes de patients et l'ensemble de la société civile. Alors que des pistes continuent de mener à de meilleurs soins cardiovasculaires, j'espère que des politiques et des investissements plus audacieux permettront de tenir toutes leurs promesses, contribuant ainsi à atteindre la santé cardiovasculaire pour tous.

A propos de l'auteur :

Fausto Pinto est président de la Fédération mondiale du cœur (WHF), professeur de cardiologie à l'université de Lisbonne et chef du service cardiovasculaire de l'hôpital universitaire de Santa Maria/CHULN au Portugal.