Une note d’orientation recommande une riposte aux urgences humanitaires à partir de l’exemple de 3 pays
23 janvier 2024
23 janvier 2024
Parmi elles, plusieurs millions de personnes vivant avec des MNT, devant souvent gérer seules leurs maladies, en raison de systèmes et de services de santé complètement détruits ou gravement compromis. Une nouvelle note d’orientation montre pourquoi garantir une couverture sanitaire universelle à ces populations vulnérables doit devenir une priorité mondiale.
Publiée par l’Alliance sur les MNT, avec le soutien du Leona M. and Harry B. Helmsley Charitable Trust Neglected and in crisis: NCDs as a priority in humanitarian settings [Négligées et en crise : les MNT, priorité dans les contextes humanitaires], lance un appel aux gouvernements à agir de toute urgence et formule des recommandations pour les aider à progresser sur ce front. Elle contribuera également à alimenter la 2ème réunion technique mondiale de l’OMS sur les MNT dans les situations d’urgence, qui se tiendra du 27 au 29 février 2024.
Négligées et en crise met en avant trois initiatives réussies mises en œuvre au Kenya, au Liban et en Ukraine. Chacune d’entre elles est décrite plus en détail sous la forme d’une étude de cas distincte.
Le Kenya, où les MNT sont responsables aujourd’hui de 41% de tous les décès et d’environ la moitié de toutes les hospitalisations, répond depuis de nombreuses années aux besoins de santé de réfugiés de plusieurs conflits. Les déplacements de personnes se font de plus en plus à l’intérieur du pays, pour fuir des catastrophes naturelles. Un projet récent a réagi en adaptant le kit de l’OMS sur les MNT. Le kit mis à jour (qui couvre le diabète, l’hypertension, les problèmes de santé mentale, les blessures et l’asthme) a été mis en œuvre pour la première fois dans la province kényane de la Côte en 2021. Une enquête initiale de base et des analyses rapides, ainsi qu’une évaluation en temps réel pendant des inondations, ont montré que l’objectif visé était d’assurer la continuité des services aux patients atteints de MNT en situation d’urgence. En 2024, le ministère kényan de la Santé élabore un document d’orientation sur les MNT dans les situations d’urgence humanitaire, notamment les inondations, la sécheresse, les pandémies et les troubles politiques, ainsi que sur les MNT parmi les populations vivant dans des bidonvilles.
Le Liban accueille près d’un million de personnes déplacées en provenance de la Syrie voisine. L’augmentation de 15% de la population du pays a exercé une pression énorme sur ses infrastructures et ses services publics, dont le système de santé, et a entraîné un afflux d’acteurs humanitaires pour soutenir la riposte. Un consortium d’organisations internationales, Partnering for Change, étudie la mise en œuvre de deux modèles de soins (les groupes d’entraide par les pairs et un modèle intégré de prise en charge des MNT) qui visent à améliorer l’accès à une prévention, un diagnostic et des soins spécifiques aux MNT, sans interruption et de haute qualité. Le consortium entend répertorier et diffuser les expériences et tirer des leçons qui pourraient être adaptées à d’autres contextes.
En Ukraine, où 1,5 million de personnes étaient déjà déplacées dans la région occupée du Donbass en 2014, la population déplacée à l’intérieur du pays est passée à 3,7 millions fin septembre 2023. Dans un pays où environ 91% des décès en 2018 avaient été provoqués par des MNT, la réponse a été rapide. Grâce à l’importante aide humanitaire fournie par les ONG et le secteur privé, les canaux de communication ont été renforcés et les obstacles bureaucratiques rapidement levés pour aider les patients à recevoir rapidement une assistance. Ainsi, la fondation caritative World Against Cancer a été créée en mai 2022, pour faciliter le flux de subventions d’organisations internationales et d’organismes philanthropiques ukrainiens afin d’agir contre le cancer. Des subventions de l’Union internationale contre le cancer ont permis d’examiner des femmes atteintes d’un cancer du sein et de mettre en place un programme d’accompagnement psychosocial et de réadaptation pour les patientes atteintes de cancer et leurs familles, dans le sud-est de l’Ukraine. Une autre subvention de la société pharmaceutique française Servier a permis de poursuivre le dépistage du cancer du col de l’utérus dans la région et de mettre en place un programme pilote de dépistage du cancer colorectal.
Alors que chaque pays doit répondre aux besoins particuliers des personnes déplacées à l’intérieur de ses frontières et en provenance de pays voisins, Négligées et en crise énonce plusieurs principes que tous les gouvernements peuvent appliquer lorsqu’ils font face à des urgences humanitaires. En tête de liste des recommandations qui permettront aux gouvernements de fournir une couverture sanitaire universelle à ces populations vulnérables figurent : a) l’intégration des services essentiels de lutte contre les MNT à chaque étape du cycle d’urgence – de la préparation et de la réduction des risques de catastrophe, à la reconstruction en mieux, en passant par l’intervention d’urgence immédiate ; et b) la construction de modèles de soins primaires centrés sur l’humain et abordables pour tous. Il s’agit notamment d’assurer l’accès aux dossiers médicaux et aux services de santé tout au long du continuum : diagnostic, traitement, réadaptation et soins palliatifs. Ces soins primaires permettront aux personnes vivant avec des MNT se trouvant dans des situations d’urgence humanitaire de mieux gérer leur maladie.
Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, on assiste à une prise de conscience croissante de la nécessité d’assurer la prise en charge des MNT aux personnes vivant dans des contextes humanitaires, et la santé mondiale commence à en tenir compte. Ainsi, en 2022, la 75ème Assemblée mondiale de la Santé a recommandé de donner la priorité aux MNT dans la préparation aux situations d’urgence et la planification des interventions ; Le Pacte mondial de l’OMS sur les MNT prévoit que d’ici 2030, les gouvernements devront protéger 1,7 milliard de personnes vivant avec ces maladies en garantissant l’accès aux soins dans les situations d’urgence humanitaire.