Journée de la fille : équité, santé et ODD
11 octobre 2022
11 octobre 2022
Bien que nous ayons réalisé des progrès considérables en matière d'égalité des genres, il reste encore beaucoup à faire, car des millions de filles continuent d'être désavantagées quant à leur santé mentale et physique, leurs droits et leur éducation, simplement en raison de leur genre.
Bon nombre de ces désavantages découlent du fait que les filles et les femmes sont les plus durement touchées par la pauvreté (en augmentation à cause du COVID-19). Selon une analyse récente de l'Université des Nations Unies, après 30 ans de recul de la pauvreté, la pandémie pourrait accroître la pauvreté mondiale de 8% à partir de 2020.
Pour les filles des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) et vivant dans des foyers aux ressources limitées, la pauvreté signifie qu'elles reçoivent souvent moins de nourriture, ont moins de chances d'accéder aux soins de santé et bénéficient de moins d'éducation que les garçons. Cela peut avoir un impact considérable sur leur niveau d'éducation, leur potentiel économique et leur capacité à vivre une vie en bonne santé.
Il y a dans le monde 700 millions de femmes de moins que d'hommes qui ont un travail rémunéré, tandis que la charge du travail non rémunéré incombe principalement aux femmes et aux filles : garde des enfants, soins aux membres de la famille malades ou handicapés et travaux ménagers, notamment
Les familles sont de plus en plus piégées ou acculées à la pauvreté par des dépenses de santé catastrophiques et des pertes de revenus dues à des maladies chroniques telles que le diabète, le cancer, les maladies cardiaques et respiratoires. La charge de ces maladies non transmissibles (MNT) pèse le plus dans les PRFI, où se produisent 77% des 41 millions de décès annuels dans le monde.
L'éducation des filles est également menacée ou perturbée car elles sont plus susceptibles d'assumer le rôle d’aidante pour les membres de la famille vivant avec des maladies chroniques. Les familles touchées par la pauvreté peuvent se sentir obligées de retirer les filles de l'école afin de faire des économies.
Malgré les grands progrès accomplis pour atteindre la parité dans l'enseignement primaire, 48% des filles ne sont toujours pas scolarisées dans certaines régions et 15 millions de filles dans le monde ne sont pas inscrites à l’école primaire, contre 10 millions de garçons. Après les fermetures d'écoles dues à la pandémie de COVID-19, on estime que 11 millions de filles de plus ne retourneront jamais à l'école.
Cela implique des occasions manquées pour les filles et un risque accru de violence, d'exploitation et de mariage précoce. Aujourd'hui, dans un mariage sur cinq, la mariée est une enfant. Et en conséquence de la pandémie et de ses effets générateurs de pauvreté, jusqu'à 10 millions de filles de plus risquent d’être mariées d’ici 2030.
Les femmes et les filles, tout particulièrement dans les PRFI, sont souvent confrontées à une triple charge : des problèmes de santé reproductive et maternelle, des maladies infectieuses et des maladies non transmissibles, qui se combinent et interagissent, entraînant une mauvaise santé.
Cela est particulièrement vrai à l'adolescence, qui peut être une période délicate pour les filles - avec une exposition accrue à des problèmes de santé sexuelle et d'autres facteurs de risque comportementaux des MNT.
Les femmes et les filles ne reçoivent souvent ni éducation ni informations vitales sur l'importance du dépistage, même en l'absence de signes et de symptômes de maladie. Elles n’ont même parfois pas accès à ce type de prise en charge en raison de déterminants sociaux de la santé tels que l'analphabétisme et le faible statut socio-économique et politique, qui limitent la capacité des femmes à s'informer et à se protéger contre les MNT, les maladies infectieuses comme le VIH et d'autres maladies chroniques.
Les services de prévention, de dépistage et de soins de santé doivent être adaptés au contexte et hautement personnalisés afin de répondre aux divers besoins des femmes et des filles tout au long de leur vie. L'intégration des efforts de prévention et de maîtrise des MNT dans les services de santé existants est de plus en plus nécessaire pour soutenir les progrès en matière de santé et de bien-être socio-économique des femmes.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et ses 17 Objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les dirigeants mondiaux en 2015 sont destinés à servir de feuille de route pour un progrès durable qui ne laisse personne de côté. Atteindre l’égalité entre les sexes et autonomiser les femmes et les filles fait partie intégrante de chacun de ces 17 objectifs. Outre l'ODD 1 (Pas de pauvreté) et l'ODD 4 (Éducation de qualité), voici quelques autres exemples de la manière dont l'inégalité entre les sexes fait obstacle à la réalisation des ODD :
ODD 2 Faim « zéro » : en 2020, les niveaux d'insécurité alimentaire étaient supérieurs de 10% chez les filles et les femmes par rapport aux garçons et aux hommes. Dans certaines régions du monde, 10% de femmes de plus que les hommes sont en situation d'insécurité alimentaire modérée ou grave.
ODD 3 Bonne santé et bien-être : seuls 17 pays sur 176 devraient atteindre la cible 3.4 pour les femmes, qui consiste à réduire d'un tiers les décès prématurés dus à des maladies non transmissibles d'ici à 2030.
ODD 5 Égalité entre les sexes : au rythme actuel des progrès, il pourrait falloir encore 286 ans pour supprimer les lois discriminatoires et combler les lacunes en matière de protection juridique des femmes et des filles.
ODD 7 Énergie propre et d’un coût abordable : la pollution de l'air intérieur due aux combustibles de cuisson et de chauffage est à l'origine de 3,2 millions de décès chaque année, selon des estimations, et de près de la moitié des décès dus à une infection des voies respiratoires inférieures chez les enfants de moins de 5 ans, la quasi totalité de ces décès se produisant dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Les filles et les femmes passant plus de temps à la maison, elles subissent la majeure partie de la charge de ces décès et maladies.
ODD 16 Paix, justice et institutions efficaces : en juillet 2022, seuls 27 pays (14%) ont une femme cheffe d'État et/ou de gouvernement. Selon les dernières données disponibles, les femmes ne représentent que 26% des parlementaires dans le monde et 34% des représentants des collectivités territoriales. Dans la prise de décision, nous sommes loin de la parité.
Pour qu'une société soit vraiment saine et prospère, tous ses membres doivent avoir des droits égaux. Les femmes et les filles représentent la moitié de la population mondiale et donc également la moitié de son potentiel. Les inégalités de genre empêchent de nombreuses filles et femmes de progresser, ce qui empêche alors notre monde de progresser. Les filles d'aujourd'hui sont les femmes de demain - elles sont la clé de l'élimination des inégalités entre les sexes.