Une personne sur sept souffre de migraines, dont 10% d’enfants, mais les lauréats du Prix Brain 2021 pourraient avoir un remède. Les migraines ont longtemps été attribuées au stress, mais les scientifiques ont maintenant découvert un déclencheur chimique appelé PRGC et mis au point des médicaments inhibiteurs. Ces médicaments ont fonctionné chez 60 % des personnes qui les ont essayés. Ce n'est pas seulement une bonne nouvelle pour les personnes souffrant de migraines, c'est aussi le signe que nous sommes sur la bonne voie pour cartographier le cerveau et trouver des remèdes à d’autres troubles neurologiques.
Qu’est-ce que la santé du cerveau et en quoi est-elle importante ?
Si vous faites partie du milliard de personnes qui souffrent de migraines dans le monde, vous savez à quel point elles sont douloureuses et invalidantes. Mais saviez-vous que les migraines sont bien plus qu’un simple mal de tête ? Il s’agit en fait d’une maladie neurologique chronique, qui pourrait bientôt avoir un remède.
Le cerveau est de loin l'organe le plus complexe du corps humain. Il nous permet de sentir, de ressentir, de penser, de bouger et d'interagir avec le monde qui nous entoure. Le cerveau contribue également à réguler et à influencer de nombreuses fonctions essentielles de notre corps, notamment celles des systèmes cardiovasculaire, respiratoire, endocrinien et immunitaire.
Près d’une personne sur trois dans le monde développera un trouble neurologique au cours de sa vie, ce qui signifie que presque tout le monde sera touché directement ou indirectement. En outre, le coût financier des troubles neurologiques est considérable, les troubles neurologiques courants représentant 789 milliards de dollars rien qu'aux États-Unis.
Les troubles cérébraux tels que les accidents vasculaires cérébraux, les migraines et la démence sont actuellement la première cause d’incapacité au niveau mondial et la deuxième cause de mortalité, avec neuf millions de décès par an, dont huit millions imputables aux AVC et à la démence.
Il existe de nombreux troubles cérébraux, mais voici les plus courants :
- Démence/maladie d’Alzheimer
- Accident vasculaire cérébral (AVC)
- Épilepsie
- Céphalées
- Maladie des motoneurones
- Sclérose en plaques
- Maladie de Parkinson
- Troubles mentaux (p. ex., schizophrénie, dépression, trouble bipolaire, alcoolisme et toxicomanie)
Qu’est-ce qui détermine qui sera affecté par un trouble cérébral ? Il n'y a toujours pas de réponse claire, car une multitude de facteurs peuvent affecter la santé de notre cerveau dès la période préconceptionnelle. En fait, toutes nos interactions avec les personnes et notre environnement entraînent une adaptation constante de la structure et du fonctionnement de notre cerveau, ce qui en fait un organe particulièrement complexe à étudier.
Étant donné qu’aucun facteur ne peut à lui seul expliquer l’état de santé cérébrale d’une personne, de nombreux facteurs sont regroupés en catégories :
- Santé physique
- Environnements sains
- Sûreté et sécurité
- Apprentissage et liens sociaux
- Accès à des services de qualité
Les déterminants de la santé cérébrale sont souvent liés entre eux et peuvent être affectés par d'autres facteurs externes. Ainsi, les inégalités structurelles associées au racisme, à la discrimination ethnique et religieuse ou à d'autres causes systématiques d'oppression et de marginalisation ont tendance à exercer une influence importante.
Santé cérébrale et équité
Près d’une personne sur trois dans le monde développera un trouble neurologique au cours de sa vie, mais ces personnes ne bénéficieront pas d’un traitement égal. Les grandes inégalités dans l’accès aux soins de santé sont dues à des facteurs socio-économiques, ce qui désavantage nettement les habitants des pays à revenu faible et intermédiaire. Ainsi :
- Seule une personne sur 10 vivant avec une démence dans les pays à faible revenu reçoit un diagnostic.
- Un seul pays à faible revenu disposait de warfarine pour la prévention des AVC, contre 73 % des pays à revenu élevé.
- Les unités neurovasculaires sont opérationnelles dans plus de 90 % des pays à revenu élevé, contre seulement 18 % des pays à revenu faible et intermédiaire.
- La répartition des soignants en neurologie est extrêmement inégale. On compte 7,1 soignants en neurologie pour 100 000 habitants dans les pays à revenu élevé contre 0,1 dans les pays à faible revenu. Il s'agit d'une différence de 1 à 70 dans la disponibilité d'un personnel formé en neurologie.
Il existe également de grandes disparités dans l'exposition aux facteurs de risque pour la santé cérébrale, qui entraînent des cycles de pauvreté et augmentent les inégalités en matière de santé. En voici quelques exemples :
- 43 % des enfants de moins de cinq ans dans les pays à revenu faible et intermédiaire (près de 250 millions d'enfants) risquent de ne pas atteindre leur potentiel de développement en raison d'une pauvreté extrême et d'un retard de croissance. On estime que le potentiel de développement non réalisé à cause de ce phénomène entraînera une perte de revenus annuels de 26 % à l'âge adulte.
- L'OMS estime que 99 % de la population mondiale respire de l'air pollué dans son milieu ambiant, ce qui fait peser de graves menaces sur le développement du cerveau à un très jeune âge et sur la santé cérébrale tout au long de la vie. Les zones où l'air est le plus pollué se trouvent dans les pays à revenu faible et intermédiaire et affectent les communautés à faible revenu de tous les pays.
- À l’échelle mondiale, on estime que cinq millions de personnes reçoivent un diagnostic d’épilepsie chaque année. Dans les pays à revenu élevé, on estime à 49 pour 100 000 le nombre de personnes diagnostiquées épileptiques chaque année. Dans les pays à revenu faible et intermédiaire, ce chiffre peut atteindre 139 pour 100 000. Cette situation s'explique en partie par la faible disponibilité des programmes de santé préventive et une prise en charge peu accessible.
Parmi les autres obstacles à l'accès aux services, citons les protections sociales et financières limitées dont bénéficient les personnes atteintes de troubles neurologiques, le manque d'accès aux médicaments et aux diagnostics, ainsi que la stigmatisation et la discrimination.
Troubles cérébraux et vieillissement de notre population
Le vieillissement humain se traduit principalement par le vieillissement cérébral et la détérioration des fonctions cérébrales. Le nombre de personnes âgées de 60 ans et plus dans le monde était d'environ 900 millions en 2015 et devrait atteindre deux milliards d'ici 2050. Avec l'augmentation du vieillissement et la croissance démographique, la charge des troubles neurologiques et les enjeux de la préservation de la santé du cerveau gagnent en importance. Dans les décennies à venir, les gouvernements seront confrontés à une demande croissante de traitement, réadaptation et accompagnement des troubles neurologiques.
Pour promouvoir une santé cérébrale optimale, nous devons mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement et de dysfonctionnement du cerveau. Or, on sait peu de choses sur la manière dont fonctionne le cerveau. Bien que les neurosciences aient considérablement progressé au cours des dernières décennies, des recherches supplémentaires sont nécessaires pour identifier des approches efficaces en matière de traitement et d'amélioration des fonctions cérébrales.