Rehausser l'importance de l'hypertension dans l'agenda de la santé publique

20 mai 2018

En célébrant la Journée mondiale de l'hypertension le 17 mai, la Fédération mondiale du cœur (WHF) dresse le bilan de ses initiatives récentes afin d’accélérer les progrès en matière de prise en charge et prévention de la pression artérielle élevée et de rehausser l'importance de cette question significative de santé publique dans l'agenda de la santé mondiale. Parmi les actions entreprises : traduire la feuille de route mondiale sur l'hypertension de WHF et l'adapter aux contextes nationaux grâce à des tables rondes, et tirer parti des opportunités de plaidoyer offertes par la 71e Assemblée mondiale de la santé.

L'hypertension : première cause de décès évitable au monde

Les chiffres de l'hypertension sont frappants. L'Organisation mondiale de la santé estime qu'environ 40% de la population mondiale a une pression artérielle élevée. A l'échelle des régions, l'Afrique se démarque comme étant le continent présentant la prévalence la plus élevée : 46% des adultes âgés de 25 ans et plus souffrent d'hypertension. Ces statistiques comptent, car l'hypertension a des répercussions aussi bien sur la santé publique que sur les économies. La prise en charge de cette affection et de ses complications entraîne des coûts directs pour les systèmes sanitaires, et donne lieu à des pertes significatives de productivité, dues aux incapacités et à la mortalité prématurée. L'hypertension est également un facteur de risque significatif pour les accidents vasculaires cérébraux, l'insuffisance cardiaque, les maladies coronariennes, le diabète et les néphropathies. Il n'est pas surprenant que 55% des 17 millions de décès annuels causés par les maladies cardiovasculaires soient liés aux complications issues d'une pression artérielle élevée. Cependant, il y a de l'espoir. L'hypertension est l'une des affections dont le traitement est le plus rentable et le plus efficace. Par exemple, abaisser la pression artérielle a été associé à une réduction de 35 à 40% du risque d'AVC, et de 20 à 25% du risque d'infarctus du myocarde et d'insuffisance cardiaque.

Une feuille de route pour la prévention et la prise en charge de la pression artérielle élevée

Avec seulement 13,2% de la population mondiale contrôlée pour l'hypertension, que pouvons-nous faire pour prévenir et traiter la pression artérielle élevée ? En 2015, la Fondation mondiale du cœur a mis au point une feuille de route pour la réduction de la mortalité cardiovasculaire à travers la prévention et la prise en charge de la pression artérielle élevée, en vue de fournir des solutions éprouvées pour surmonter les obstacles au traitement de l'hypertension au niveau des patients, des médecins, et du système sanitaire. La feuille de route propose que le système sanitaire adopte une approche globale de l'hypertension, qui inclut des ressources physiques et humaines, des prestations et des bénéficiaires des services sanitaires, un financement et une gouvernance, et des systèmes d'information. Elle met notamment l'accent sur le rôle du dépistage opportuniste, des traitements médicamenteux efficaces et de l’éducation des personnes affectées de pression artérielle élevée, et recommande de réfléchir de façon innovante à des solutions de santé en ligne, au partage des tâches et à des campagnes de communication et d'éducation, dans l'optique de sensibiliser, prévenir et gérer l'hypertension.

Adapter la feuille de route de la Fédération mondiale du cœur au contextes nationaux : le cas du Kenya

A la Fédération mondiale du cœur, nous travaillons en étroite collaboration avec nos membres afin de traduire et adapter la feuille de route mondiale aux contextes spécifiques des pays, en organisant des tables rondes sur les maladies cardiovasculaires. Le 21 mars 2018, avec un membre de notre organisation, la Société cardiaque du Kenya, nous avons invité des orateurs et des participants du ministère de la Santé et des directions de la santé du pays, des structures de soins de santé primaires, de la société civile, du secteur privé, du milieu universitaire et des organisations confessionnelles à une table ronde intitulée « L'accélération des solutions à la prise en charge de l'hypertension ». L'hypertension est un sujet de plus en plus préoccupant au Kenya. Comme l'a déclaré lors de la table ronde le Pr Ogola, secrétaire général de PASCAR : « La prévalence de la charge de l'hypertension est en augmentation au Kenya, un habitant sur quatre étant touché. Selon les estimations, 75% des Kényans qui vivent avec de l'hypertension ne savent pas qu'ils en sont atteints, et seuls 4% sont contrôlés ».

Sur la base de la feuille de route sur l'hypertension de WHF et PASCAR , les participants ont souligné l'importance de placer les personnes au cœur de la prévention et de la prise en charge de l'hypertension, d'impliquer les communautés dans la collecte des données et de connaître leurs commentaires à leur sujet, d'explorer la voie des partenariats publics-privés, et de repenser le financement des soins de santé.

Ces points ont été transposés dans un appel à l'action pour :

  1. autonomiser les personnes vivant avec des maladies non transmissibles (MNT) ;
  2. instaurer un registre national des MNT ;
  3. créer un environnement favorable pour le partage de tâches dans la prise en charge des maladies cardiovasculaires ;
  4. taxer les produits alimentaires mauvais pour la santé et assigner ces recettes aux soins de santé des personnes vivant avec des MNT.

La table ronde faisait partie d'un événement de collaboration, « Construire des solutions pour faire face aux défis des patients des maladies non transmissibles », impliquant la Fédération mondiale du cœur, l'Alliance sur les MNT, le Programme de technologie appropriée en santé (PATH) et Access Accelerated. Cet événement visait à piloter l'action et à mettre au point des solutions durables autour des questions critiques liées à la prévention et au traitement des MNT au Kenya.

Défendre la cause de l'hypertension dans la couverture sanitaire universelle lors de la 71e Assemblée mondiale de la santé

Nous allons présenter certains des enseignements tirés de l'expérience du Kenya lors de la 71e Assemblée mondiale de la santé. Le 22 mai, la Fédération mondiale du cœur et la Coalition mondiale de la santé circulatoire organisent un événement parallèle de sensibilisation à l'inclusion de l'hypertension dans la couverture sanitaire universelle (CSU) : « Inclure la santé circulatoire dans la couverture sanitaire universelle. La cause de l'hypertension », qui se tiendra à l’hôtel Intercontinental à Genève de 12h00 à 13h45.

Animé par le Dr Richard Horton (The Lancet), le panel de l’événement inclut le Dr Tom Frieden (Resolve to Save Lives), le Dr Etienne Krug (OMS, Département de prise en charge des maladies non transmissibles, handicap, prévention de la violence et du traumatisme), Mme Rita Melifonwu (Stroke Action UK et Nigeria) et M. Nicolas Diserens (représentant des patients). Les débats du panel porteront sur les défis et les opportunités de la prévention et de la prise en charge de l'hypertension dans le contexte de la quête des pays de la couverture sanitaire universelle, et examinera les situations de systèmes sanitaires divisés et disposant de ressources limitées. Ces sujets sont importants au moment où la communauté sanitaire mondiale prépare la 3e Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la prévention et la maîtrise des maladies non transmissibles (RHN-ONU sur les MNT) qui se tiendra en septembre à New York.

La prévention et maîtrise de l'hypertension ne peut qu'apporter des retours sur investissement significatifs en termes de vies sauvées et de ressources en soins de santé libérées. Par conséquent, nous encourageons les gouvernements, les organismes professionnels, la société civile et les organisations internationales et régionales à s'engager à faire de l'hypertension, qui est actuellement la première cause évitable de décès au monde, l'affection la mieux gérée et maîtrisée au monde.

A propos de l'auteur

La Fédération mondiale du cœur (@worldheartfed) est la seule organisation non gouvernementale portant sur les maladies cardiovasculaires qui entretient des relations officielles avec l'Organisation mondiale de la santé, et un membre de l'Alliance sur les MNT. La Fédération travaille à l’échelle internationale et nationale par le biais de ses propres activités et de celles de ses plus de 200 membres. Ensemble, nous œuvrons pour mettre un terme aux morts inutiles dues à l'exposition au tabac et à d'autres facteurs de risque, au manque d'accès au traitement et aux affections négligées telles que le rhumatisme articulaire aigu, qui tue des centaines de milliers d'enfants chaque année.

References 

1.    Organisation mondiale de la Santé. Panorama mondial de l'hypertension : Un «tueur silencieux» responsable d’une crise de santé publique mondiale.http://apps.who.int/iris/bitstream/handle/10665/79059/WHO_DCO_WHD_2013.2_eng.pdf?sequence=1.

2.    Fédération mondiale du cœur. Reducing Cardiovascular Mortality Through Prevention and Management of Raised Blood Pressure (La réduction de la mortalité cardiovasculaire à travers la prévention et la prise en charge de la pression artérielle élevée).