Santé cardiovasculaire : le cabinet médical, une partie de la solution
Chaque année, le 29 septembre, la campagne de la Journée mondiale du cœur touche de plus en plus de personnes avec des messages de sensibilisation, d'action - et d'espoir. Pour la 22èmeédition, nous voulons que tout le monde utilise son cœur #UseHeart et s'efforce de parvenir à l'équité en matière de prévention, de traitement et de prise en charge. Les secteurs doivent s'unir - médecins, décideurs, secteur privé, milieux universitaires et groupes de patients. Ce n'est pas un défi insurmontable et nous devons le relever pour améliorer la santé, le bien-être et la productivité des sociétés.
Nous comblons certaines lacunes en matière de soins cardiovasculaires et nous étoffons chaque jour notre expertise. Et pourtant, nombreux sont celles et ceux, notamment au sein des communautés les plus vulnérables, qui restent exposés à des insuffisances cardiaques potentiellement évitables et à des affections gérables.
Grâce à de nouveaux outils de diagnostic, de prévention et de traitement, le pronostic change pour de nombreux patients, notamment les plus de 500 millions de personnes qui vivent avec une maladie cardiovasculaire (MCV). Les interventions de santé numérique (ISN), qu’il s’agisse de plateformes de messagerie texte, d’applications de santé mobile, de consultations de télésanté et de dispositifs portables ont donné un coup de fouet aux soins de santé, en partie entraînées par la pandémie de COVID-19. La pénétration des services de santé numériques constitue une opportunité et une priorité pour élargir l'accès aux soins et réduire la mortalité, la morbidité et les incapacités cardiovasculaires. Il faut désormais que des politiques et des infrastructures de santé bénéfiques créent un environnement propice pour que nous puissions tirer parti de cette évolution positive.
Vers des cœurs plus forts
Il y a plusieurs dizaines d'années, la cardiologie n'aurait jamais imaginé les progrès accomplis aujourd'hui : amélioration des méthodes de diagnostic telles que l'imagerie, la génétique, les biomarqueurs, et nouvelles modalités de traitement, qu'il s'agisse de nouveaux médicaments ou de nouveaux dispositifs pour déboucher les artères obstruées ou réguler le rythme cardiaque. Je me souviens encore de mes premières expériences en cardiologie, lorsque, par exemple, l'échocardiographie ou la cardiologie interventionnelle en étaient à leurs débuts.
Lors d'une récente visite au Mozambique, où l'équipe du partenariat Colours to Save Hearts s’efforce de mettre fin au rhumatisme articulaire aigu, j'ai été accueilli par le sourire d'au moins 100 enfants âgés de 5 à 10 ans. Ces événements marquants donnent un nouvel élan à la mission d’améliorer la santé cardiovasculaire et de réduire les décès et souffrances prématurés.
Le fait d'être en première ligne pour lutter contre les MCV, qui sont la principale cause de mortalité, a apporté son lot de satisfactions, mais aussi de déceptions. Déception, parce que vous rencontrez des patients qui auraient pu éviter des cardiopathies grâce à un mode de vie consistant en une alimentation saine, l'arrêt du tabac, la réduction de la consommation d'alcool et une pratique sportive régulière - même modérée. Vous constatez également directement les obstacles inutiles, pour beaucoup dans des communautés mal desservies, et qui peuvent être surmontés grâce à des politiques de santé plus justes et plus solides.
Relier les maillons de la chaîne de soins
Nous devons considérer les coûts sanitaires comme des investissements dans la santé en vue d’éviter les complications et d’améliorer la qualité de vie de tous, partout dans le monde. Prenons l'exemple de l'hypertension : elle touche 1,3 milliard de personnes, et seule une personne sur 5 la maîtrise et elle constitue un facteur de risque de MCV, alors qu’il existe des traitements abordables.
Je suis encouragé par le fait que trois de mes enfants suivent un parcours médical : nutrition clinique, réadaptation cardiaque et médecine interne. Outre une main-d'œuvre formée pour répondre à la demande, il s'agit d'ouvrir l'accès aux soins, dans les villes et les zones rurales, dans les pays à revenu faible et intermédiaire et dans les zones mal desservies des pays développés. Lors du Sommet mondial du cœur de cette année, des intervenants de premier plan ont discuté d'initiatives et avancé des idées pour améliorer les mécanismes de politique, de financement, d'éducation et de partenariat susceptibles de renforcer la prestation des soins de santé.
À l'occasion de la Journée mondiale du cœur, nous souhaitons également toucher celles et ceux qui allouent les ressources, et qui définissent et décident des politiques. L'Observatoire mondial du cœur, qui vient d'être lancé, est une source unique de données et de connaissances permettant d'orienter les principes et les pratiques en matière de santé cardiovasculaire ; la future Vision mondiale du cœur 2030 (World Heart Vision 2030) est un plan d'action pour tous les secteurs.
Nous avons besoin de tout le monde à la manœuvre : les praticiens de la santé, les concepteurs et les responsables de la mise en œuvre des dispositifs et des traitements de santé, les organismes de réglementation chargés de fixer les prix et d'approuver les traitements, les responsables politiques qui définissent les cadres pour des soins accessibles et abordables, les milieux universitaires, les groupes de patients et l'ensemble de la société civile. Alors que des pistes continuent de mener à de meilleurs soins cardiovasculaires, j'espère que des politiques et des investissements plus audacieux permettront de tenir toutes leurs promesses, contribuant ainsi à atteindre la santé cardiovasculaire pour tous.
A propos de l'auteur :
Fausto Pinto est président de la Fédération mondiale du cœur (WHF), professeur de cardiologie à l'université de Lisbonne et chef du service cardiovasculaire de l'hôpital universitaire de Santa Maria/CHULN au Portugal.
Towards stronger hearts
Decades ago, cardiology could not have envisioned today’s progress: improved methods of diagnosis such as imaging, genetics, biomarkers, and new treatment modalities from new drugs to new devices to open blocked arteries or regulate heart rhythm. I still remember my earliest experiences in cardiology practice when, for instance, echocardiography or interventional cardiology were in their beginning stages.
Recently visiting Mozambique where the Colours to Save Hearts partnership team is working to end rheumatic heart disease, I was greeted by the smiles of at least 100 children aged 5 to 10 years of age. These milestones give impetus to the mission to improve cardiovascular health and reduce premature death and suffering.
Being on the frontlines to tackle CVD as the leading cause of mortality has brought its fair share of satisfaction, and chagrin. Chagrin because you meet patients who could have prevented heart disease through a lifestyle consisting of a healthy diet, quitting smoking, reducing alcohol consumption, and regular exercise – even moderate. You also see, often firsthand, the unnecessary barriers, many of them in under-served communities, that can be overcome through fairer, more robust health policies.
Joining links in the care chain
We must think of health costs as health investments to avert complications and improve the quality of life for people everywhere. Take, for example, hypertension: affecting 1.3 billion with only 1 in 5 having it under control, it is a risk factor for developing CVD yet there are affordable treatment options for it.
I am heartened that three of my children are following a medical path: clinical nutrition, cardiac rehabilitation, and internal medicine. In addition to a trained workforce to meet demand, it’s about opening access to care, in cities and rural areas, in low- and middle- income countries and under-served areas of developed countries. At this year’s World Heart Summit, high-profile panellists discussed initiatives and advanced ideas to improve the mechanisms of policy, financing, education, and partnerships that can strengthen healthcare delivery.
On World Heart Day, we want to also reach those who allocate resources, and set and decide policy. The recently launched World Heart Observatory is a unique source of curated data and knowledge to guide principles and practice in cardiovascular health; the upcoming World Heart Vision 2030 is a blueprint for action by every sector.
We need “all hands-on deck:” health practitioners; developers and implementers of healthcare devices and treatments; regulators involved in pricing and approval of treatments; policy leaders setting the frameworks for accessible, affordable care; academia; patient groups; and all civil society. As avenues continue to lead to better cardiovascular care, my hope is that bolder policy and investment will bring all their promise to fruition, contributing to achieving cardiovascular health for everyone.
Professor of Cardiology, Portugal (WHF Founding Member representative)