Pacte et convergence - un nouveau siècle qui doit être source de nouveaux espoirs pour les personnes vivant avec le diabète dans le monde entier
13 avril 2021
13 avril 2021
Pourquoi, en tant que communauté internationale du diabète, n’avons-nous pas obtenu de meilleurs résultats ? Avons-nous trop misé sur une riposte « multisectorielle », excessivement complexe, aux MNT ? Non. Les solutions intégrées doivent être la réponse, et un important travail politique et normatif a été réalisé afin de nous faire tous avancer vers l’ère de la couverture sanitaire universelle.
Avons-nous investi suffisamment ? Avons-nous bien investi ? Non. Le diabète et les autres MNT sont encore largement négligés dans le casse-tête mondial du financement santé-développement. Dans ce casse-tête, les grandes pièces ne sont pas proportionnelles à l’épidémiologie du monde réel. Nous devons reconstruire les pièces et les disposer différemment.
Pouvons-nous faire progresser la feuille de route équilibrée d’un système sanitaire qui évolue vers un monde de couverture sanitaire universelle, où le diabète bénéficie d’une prévention suffisante et d’une maîtrise adéquate ? Où la recrudescence du diabète est vraiment stoppée, voire inversée ? Où un accès à la prise en charge et aux médicaments antidiabétiques reste possible au centre de santé primaire local ? Où les foyers sont systématiquement accompagnés par des agents de santé communautaires ? Et où la technologie a permis la concrétisation de solutions de santé numérique y compris pour les enfants, les adultes et les personnes atteintes de diabète les plus marginalisées, qui cherchent à réguler leur taux de glycémie chaque jour ?
Tels sont les défis que nous pose le «Pacte mondial contre le diabète » lancé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS)[3] cette semaine. D’une portée et d’une ambition sans précédent, résolument tourné vers la reprise post-COVID, le nouveau pacte de l’OMS présente clairement six éléments dont la réussite passe nécessairement par des investissements et des engagements urgents et constants : l’unité des parties prenantes, l’intégration, l’accès aux médicaments antidiabétiques, les objectifs mondiaux, le continuum de soins (notamment dans des contextes de crise humanitaire) et l’accessibilité financière.
Mais plus que tout, le Pacte met en exergue que « la clé du succès résidera dans l’alignement et une action unie dans tous les secteurs, public, privé et philanthropique. » Une petite phrase avec un énorme potentiel : que devons-nous faire de notre côté ?
En 2015 déjà, Andrew Cassels évoquait le besoin de repenser la collaboration internationale pour la prévention et la maîtrise des MNT[4], faisant remarquer que « les MNT constituent un domaine hautement controversé et politisé », dans lequel le « besoin de contrôler [implique le risque] d’une paralysie et d’une communauté professionnelle qui se parle principalement à elle-même ». S’il y a un élément primordial dans le Pacte mondial contre le diabète, ce doit être notre programme commun de convergence, c’est-à-dire notre volonté de contribuer à des alliances et des cadres de partenariat plus vastes, en apportant nos ressources aux pays, aux gouvernements et à la société civile sur le terrain, en assumant un rôle dans un ensemble plus vaste. Le Pacte mondial contre le diabète nous aidera-t-il à penser différemment et à nous créer une nouvelle image de nous-mêmes ? Il le peut et il le doit, mais uniquement si nous acceptons, comme le fait remarquer Cassels, que « le [progrès] peut être compliqué, parcellaire et fragmentaire, mais [que] le changement est possible et peut avoir un effet cumulatif ». En d’autres termes, nous devons accepter que les progrès de la prise en charge et de la prévention du diabète dans le cadre de la riposte nationale aux MNT varieront selon les pays, les gouvernements et les communautés. En tant qu’agences internationales, nous portons le poids de notre passé mais le temps est venu pour nous d’arriver à la même croisée des chemins et d’emprunter la même route. Le Pacte mondial contre le diabète fournit le cadre et les objectifs que nous appelions de nos vœux.
Le Pacte permet la différenciation mais exige le partenariat, le Pacte s’appuie sur les engagements existants mais encourage la clarté. Il s’agit d’une dynamique à laquelle nous ne pouvons renoncer, et il convient de rappeler, comme l’a dit Cassels, [que] le travail ne progressera peut-être pas selon des stratégies bien conçues ». Il est possible que le Pacte mondial contre le diabète ne soit pas une stratégie, mais il est stratégique. Il constitue un ensemble d’éléments cohérents qui collectivement aboutiront à la réalisation d’une vision mondiale : Réduire le risque de diabète et s’assurer que les personnes diagnostiquées diabétiques aient accès à une prise en charge et un traitement de qualité qui soient équitables, complets et abordables. À l’aube du deuxième siècle depuis la découverte de l’insuline, nous devons nous rappeler que le progrès sans la santé n’est pas du progrès, et nous devons nous responsabiliser mutuellement et offrir de nouveaux espoirs aux personnes vivant avec le diabète dans le monde entier, non pas avec des paroles mais avec des actes. Arriver à la prochaine Réunion de haut niveau des Nations Unies sur les MNT en 2025 sera insoutenable si nous avons encore échoué à toucher les millions de personnes atteintes de diabète dans le monde qui comptent sur notre capacité à faire converger et intensifier nos efforts.
M. Bent Lautrup-Nielsen est responsable développement et plaidoyer monde à la Fondation mondiale du diabète (WDF). Il dirige les relations de la WDF avec les principales agences à l’échelle mondiale, et a travaillé pendant de nombreuses années avec les ministres de la Santé et d’autres parties prenantes des pays à revenu faible et intermédiaire en vue de développer les partenariats de la WDF dans le domaine du diabète et des MNT.