COVID-19, UHC

Couverture sanitaire universelle et intégration des MNT

11 décembre 2020

 

Le 8 décembre, quatre jours avant la Journée de la couverture sanitaire universelle, des experts de haut niveau et des personnes vivant avec des MNT du monde entier ont participé à un événement en ligne intitulé « L’intégration des maladies non transmissibles dans la couverture sanitaire universelle à l’ère de la COVID-19 », organisé par l’Alliance sur les MNT. L’objectif général était de présenter les progrès réalisés à l’échelle planétaire en matière d’intégration des MNT dans les régimes de CSU, en veillant à ce que les engagements mondiaux débouchent sur des actions et des résultats nationaux.

 

Présidé par le Dr Kaushik Ramaiya de l’Alliance tanzanienne sur les MNT, l’événement a permis de recueillir les points de vue de personnes vivant avec des MNT au Rwanda et en Suède. Parmi les intervenants invités, l’honorable Christopher Tufton, ministre de la Santé de Jamaïque ; le Dr Emmanuel Ankrah Odame, Directeur de la planification, du suivi et de l’évaluation des politiques, Ghana, la Dre Samira Asma, Sous-Directrice générale chargée de la Division Données, analyse et application de l’OMS ; la Dre Bente Mikkelsen, directrice de la Division des MNT de l’OMS ; le Prof. Srinath Reddy, Président de la Public Health Foundation of India ; le Prof. Rob Moodie, maître de conférence en santé publique à l’Université de Melbourne et à l’Université du Malawi ; et Mme Estefania Palomino, Helmsley Charitable Trust.

Les discussions ont permis d’évaluer et de réfléchir aux dernières données sur l’intégration des MNT dans la CSU au niveau mondial, et notamment les principaux résultats de la Consultation mondiale 2020 des personnes vivant avec des MNT organisée par l’Alliance sur les MNT, tout en tenant compte également de l’impact et des leçons tirées de la pandémie de COVID-19 et ses effets néfastes sur les systèmes de santé pour les personnes vivant avec des MNT.

Deux personnes vivant avec des MNT (Grace Gatera, qui vit avec un trouble de la santé mentale, et Cajsa Lindberg, qui vit avec un diabète de type 1, une tumeur au cerveau et des troubles endocriniens) ont partagé leurs expériences avec leurs systèmes de santé respectifs. «Le Rwanda a fait un travail incroyable pour intégrer les maladies [mentales] et les MNT dans les soins de santé universels», a déclaré Mme Gatera, qui a par ailleurs évoqué sa vie de réfugiée, lorsqu’elle ne pouvait pas avoir accès aux médicaments dont elle a besoin pour gérer sa maladie, en raison de leur manque de disponibilité et de leur coût.

L’événement a également permis de partager certaines bonnes pratiques d’intégration des MNT dans les politiques de CSU de différents pays et dans des milieux à revenus faibles, moyens et élevés, qui se traduisent aujourd’hui par un impact durable, transformateur et protecteur dans le monde entier. L’honorable Christopher Tufton a fait part de certaines victoires de son pays, en soulignant que « la Jamaïque a fait des efforts et adopté une approche diversifiée pour améliorer la prévention et la prise en charge des personnes à risque ou qui vivent avec des MNT, ces maladies constituant la principale cause de charge économique et de mortalité en Jamaïque et aux Caraïbes. »

Bien qu’il n’existe pas d’approche unique en matière de CSU ou d’intégration des MNT, ces exemples soulignent le besoin d’une approche pangouvernementale et pansociétale des soins de santé, ainsi que l’intégration dans les processus décisionnels de personnes qui ont un vécu précieux. Plusieurs mesures éprouvées peuvent également être prises. Ainsi, la mise en œuvre des Meilleurs choix de l’OMS en matière de MNT (WHO Best Buys for NCDs) dans les régimes de CSU dans les pays à revenu faible et intermédiaire dans le monde à l’horizon 2030 pourrait sauver jusqu’à 8,2 millions de vies et dégager 350 milliards de $US de retombées économiques grâce à la réduction des coûts des soins de santé et à la participation accrue de la population active.[1]

Toutefois, la COVID-19 a mis en lumière les failles préexistantes de nos systèmes de santé, tout en soulignant le lien dangereux existant entre MNT, maladies transmissibles et urgences sanitaires, et en insistant sur la nécessité d’aborder les problématiques de santé de façon plus intégrée. Le professeur Srinath Reddy a déclaré : « les services gouvernementaux ont tendance à agir de façon cloisonnée. La société civile peut s’associer à des secteurs et favoriser une coordination multisectorielle. Nous l’avons déjà vu dans la lutte contre le diabète et l’hypertension, avec une intervention de la société civile dans les soins primaires au niveau communautaire. »

En outre, bien que les personnes vivant avec des MNT soient plus susceptibles de développer de graves complications et de décéder de la COVID-19, l’OMS rapporte que 75% des pays ont signalé des perturbations dans la prise en charge des MNT pendant la pandémie. Comme l’a souligné Bente Mikkelsen, de l’OMS, pendant l’événement, « avant la pandémie de COVID-19, les MNT faisaient 15 millions de victimes de moins de 70 ans chaque année ». Cela fait des MNT la première cause mondiale de mortalité, une pandémie préexistante largement méconnue.

L’urgence, l’ampleur et l’impact des MNT sur la santé des populations et sur les économies posent des défis uniques pour la conception et la mise en œuvre de la CSU, mais illustrent bien pourquoi la CSU est nécessaire dans tous les pays. Au lieu d’être vues comme un luxe superflu, la prévention et la prise en charge des MNT doivent être considérées comme le socle d’une CSU durable.

Comme l’a déclaré la Dre Samira Asma, de l’OMS, « si nous voulons sérieusement réaliser la couverture sanitaire universelle et la santé pour tous, nous devons nous attaquer aux inégalités criantes en matière de MNT. Nous avons désormais l’occasion de nous réapproprier le rôle que la santé est appelée à jouer. »


[1] Saving lives, spending less: a strategic response to noncommunicable diseases. Geneva, Switzerland. World Health Organization; 2018 (WHO/NMH/ NVI/18.8).