Interdiction des aliments ultra-transformés à Rio

Les défenseurs espèrent que l’interdiction des aliments ultra-transformés dans les écoles de Rio provoquera une onde de choc

11 août 2023

Les défenseurs d’une alimentation saine espèrent qu’un projet de loi adopté par le conseil municipal de Rio de Janeiro en juin 2023 en vue d’interdire la vente d’aliments ultra-transformés dans les écoles publiques et privées puisse inciter d’autres villes du Brésil à prendre des mesures similaires.

Lorsque le maire Eduardo Paes a promulgué le projet de loi le 11 juillet, Rio est devenue la deuxième ville de l’État de Rio de Janeiro à adopter une telle mesure, après Niterói en janvier 2023. Cela signifie que les aliments riches en sucre et en graisses, tels que biscuits, bonbons et boissons sucrées, ne seront plus autorisés dans les écoles. Les plus de 1 500 écoles de Rio auront 180 jours pour s’adapter à la loi.

Techniquement, les écoles publiques font déjà l’objet d’une interdiction des aliments ultra-transformés, car elles doivent appliquer le programme brésilien d’alimentation scolaire, lui-même soumis aux directives diététiques du gouvernement pour la population brésilienne, explique Paula Johns, cofondatrice et directrice générale d’ACT Promoção da Saúde.

Un effet domino

« C’est fantastique que les écoles privées soient incluses également dans les efforts visant à protéger les enfants à l’école et appliquent les recommandations des directives diététiques », ajoute Mme Johns. « Il y a d’autres villes qui ont de bonnes réglementations, mais qui ont manqué de visibilité. Cette initiative contribuera à susciter un élan capable de produire un effet domino, comme nous l’avons vu par le passé avec la législation antitabac. »

Le Brésil est l’undes nombreux pays d’Amérique latine qui ont pris la tête de la lutte mondiale contre les aliments ultra-transformés en exigeant des étiquettes à l’avant des emballages alimentaires, le premier ayant été le Chili en 2016. Deux ans plus tard, on a assisté au Chili à une diminution de 26,7% des achats de produits riches en sucre, de 36,7% des achats de produits à haute teneur en sel et de 23,8% des achats de produits riches en matières grasses.  Ces aliments contribuent à l’obésité, qui est un facteur de risque majeur de maladies non transmissibles (MNT).

Suite à une forte mobilisation de la société civile, les législateurs mexicains (sénateurs en 2021 et députés en 2023) ont approuvé à l’unanimité une loi visant à éliminer les acides gras trans produits industriellement (AGTi) de l’approvisionnement alimentaire mexicain. Les acides gras trans, un ingrédient commun des aliments transformés, sont responsables de plus de 13 000 décès chaque année dans le pays.

L’industrie alimentaire et des boissons est de plus en plus concentrée au sein de grandes multinationales qui ont un énorme pouvoir politique, économique et social sur les pays. Ainsi, les 10 plus grandes entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons contrôlent 80% des produits alimentaires achetés en magasin dans le monde, avec plus de 100 milliards de dollars de bénéfices combinés chaque année. Les trois quarts de ces entreprises tirent la majeure partie de leurs revenus des aliments ultra-transformés.

À Rio, les écoles qui enfreignent la nouvelle loi auront 10 jours pour s’y conformer, après quoi elles risquent des amendes de 308 dollars (1 500 reais) par jour, selon un article de presse. Cet article indique par ailleurs que des études menées dans 200 écoles de la ville ont révélé que les aliments ultra-transformés étaient 126% plus disponibles dans les cantines que les aliments sans aucun degré de transformation.

« L’approbation du projet de loi interdisant la vente d’aliments ultra-transformés dans les écoles publiques et privées de la ville de Rio de Janeiro montre que le soutien et la mobilisation d’Umane sur les fronts du plaidoyer et de la communication politique sont d’une importance cruciale pour atteindre notre objectif social de contribuer à un système de santé plus efficace et d’améliorer la qualité de vie de la population brésilienne », a déclaré Evelyn dos Santos, responsable des partenariats et des nouveaux projets chez Umane, une organisation à but non lucratif.