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Un cadre pour le bien-être : l'OMS définit une approche globale et durable de la santé humaine et planétaire

3 juillet 2023

À l'approche de l'échéance de 2030 fixée pour la réalisation des Objectifs de développement durable, un nouveau cadre de l'OMS jette les bases permettant aux gouvernements d'intégrer le bien-être humain et planétaire dans les politiques de santé publique. Alors qu'une perspective plus globale du bien-être gagne du terrain à l'échelle mondiale, la publication appelle à « un nouveau contrat social qui établisse un juste équilibre entre les considérations sociales, économiques et environnementales au centre de la prise de décisions politiques et sociétales. »

La publication, intitulée Atteindre le bien-être : un cadre mondial destiné à intégrer le bien-être à la santé publique au moyen d’une approche axée sur la promotion de la santé, présente des politiques et des actions spécifiques permettant aux gouvernements de maximiser les investissements dans la santé d'une manière qui contribue au bien-être général de la société et au développement durable.  L'approche pansociétale et pangouvernementale entend prendre en compte les déterminants sociaux et commerciaux de la santé, protéger les sociétés contre les industries nocives pour la santé et exiger une action qui va bien au-delà du seul secteur de la santé.

 

 

© Shutterstock

Des sociétés plus durables, plus équitables et plus résilientes

Le cadre préconise une transition ordonnée vers des sociétés plus durables, plus équitables et plus résilientes, en s'appuyant sur la connaissance des cultures du monde entier et plus particulièrement des cultures autochtones. L'OMS s'est engagée à soutenir cette transition en réunissant divers acteurs, en recueillant des données probantes et en apportant un soutien technique aux États membres et aux partenaires dans la mise en œuvre du cadre.

Le cadre décrit six orientations stratégiques que les gouvernements nationaux peuvent prendre pour mettre en œuvre une approche axée sur le bien-être, en s'inspirant des domaines d'action définis dans la Charte de Genève pour le bien-être en 2021. Ces orientations stratégiques sont accompagnées d'orientations générales et illustrées par des exemples nationaux. Les orientations stratégiques sont les suivantes :

  1. Prendre soin de la Terre et de ses écosystèmes
  2. Concevoir des systèmes de protection sociale fondés sur l’équité, l’inclusion et la solidarité
  3. Concevoir et appuyer la mise en œuvre de systèmes économiques équitables au service du développement humain
  4. Promouvoir une couverture sanitaire universelle (CSU) équitable via les soins de santé primaires, la promotion de la santé et les services de prévention
  5. Promouvoir des systèmes numériques équitables au service de la collectivité, qui contribuent à la cohésion sociale et ne poursuivent aucun intérêt commercial
  6. Mesurer et suivre le bien-être

Parmi les exemples d'orientations générales proposées : la promotion de la CSU en privilégiant un modèle de soins axé sur les soins de santé primaires (SSP) et l'intégration des services de lutte contre les MNT. Le cadre reconnaît les MNT et la santé mentale comme des éléments moteurs qui influent sur la santé des individus et leur bien-être, et souligne que, dans le cadre des SSP, il convient de veiller à intégrer les MNT et la santé mentale dans le processus d’élaboration des régimes de CSU de tous les pays, et s’assurer qu’ils bénéficient d’un financement adéquat et pérenne Outre l'amélioration de la santé, cela permettra de prévenir les dépenses de santé excessives et d'éviter de creuser les inégalités en matière de santé.

 

 

© Carl Whetham/Photoshare

Résonances avec les priorités de plaidoyer de la NCDA

L'orientation stratégique 4 met en lumière des exemples d'interventions au niveau national, qui font écho aux priorités de plaidoyer de l'Alliance sur les MNT pour la deuxième Réunion de haut niveau sur la CSU qui se tiendra en septembre prochain. Il s'agit notamment de régimes d’assurance santé publics et privés pour mettre en place/améliorent des mécanismes de prépaiement (CSU, par exemple) afin de réduire les paiements directs effectués par le patient et les dépenses de santé excessives, ainsi que de l’utilisation des données probantes disponibles et de l’expérience des pays pour structurer les systèmes de gouvernance de la santé sur la base d’une répartition équitable des ressources tout au long de la vie et du continuum de soins - de la promotion de la santé à la couverture des soins palliatifs, en passant par la prévention des maladies, la prise en charge et la réadaptation.

L'Assemblée mondiale de la Santé (AMS) a adopté le cadre pour le bien-être en mai 2023, tout en prenant acte du cadre opérationnel de l'OMS pour mesurer, évaluer et prendre en considération les déterminants sociaux de la santé et les inégalités en matière de santé. Les déterminants sociaux de la santé sont les circonstances dans lesquelles les individus naissent, vivent, apprennent, travaillent, se divertissent, pratiquent leur culte et vieillissent. Ils ont une incidence sur un large éventail de résultats et de risques en matière de santé, d’activité et de qualité de vie.

Les pays doivent évaluer leurs propres besoins

Le cadre opérationnel met en évidence les principaux indicateurs et ensembles de données permettant de suivre les déterminants sociaux, les principaux défis liés au suivi de ces données et à leur utilisation à des fins d'action, ainsi que les moyens de surmonter ces défis. Le cadre pour le bien-être recommande à chaque pays d'évaluer ses propres besoins, d'identifier les lacunes et de créer des possibilités d'intégrer le bien-être dans les systèmes de gouvernance actuels et de renforcer sa capacité à promouvoir la santé.

Le cadre pour le bien-être reconnaît que la lutte contre les principaux facteurs de risque des MNT (notamment le tabac, l'alcool, la mauvaise alimentation, la sédentarité et la pollution de l’air) et leurs causes profondes est essentielle au bien-être, et que la promotion de la santé est une fonction indispensable de la santé publique et un élément de la CSU.

L’Alliance sur les MNT a indiqué qu’en vue d’accroître la participation sociale aux efforts de promotion de la santé, le cadre devrait également reconnaître l'importance d'impliquer les personnes vivant avec des MNT dans la planification et l’élaboration des politiques de bien-être. Cette démarche s'inscrit dans le droit fil de la Charte mondiale sur la participation significative des personnes vivant avec des MNT. La promotion de la santé reste pertinente pour tous, y compris après le diagnostic, car il s'agit d'une fonction clé dans le continuum des soins.

Le cadre décrit une économie du bien-être comme une économie « qui reconnaît la valeur économique de la santé planétaire, de l'équité et du bien-être des populations et qui dissuade la production et la consommation de produits et de services qui nuisent à la santé de la population ». Il souligne le rôle que jouent la bonne gouvernance, la protection sociale et les politiques fiscales favorables à la santé dans la promotion de la santé. Cependant, comme l'a fait remarquer la NCDA, les éléments de langage du cadre autour de la mobilisation du secteur privé devraient mentionner des mécanismes permettant de protéger les politiques et programmes de bien-être et de santé contre les conflits d'intérêts.