Vivre avec le diabète vous expose à un risque accru de contracter 57 autres maladies
25 avril 2022
25 avril 2022
L'étude de l'université de Cambridge a révélé que les personnes atteintes de diabète de type 2 courent un risque plus élevé de développer 57 autres problèmes de santé. Il s'agit notamment du cancer, des maladies rénales et des troubles neurologiques. Selon un communiqué de presse de Diabetes UK, elles développent ces affections en moyenne cinq ans plus tôt que le reste de la population.
Les chercheurs ont examiné les données de santé de 3 millions de personnes âgées de plus de 30 ans (50 ans en moyenne) dans le cadre de la plus grande étude réalisée à ce jour sur les différences de santé à l’âge mûr entre les personnes atteintes de diabète de type 2 et celles qui ne le sont pas. Ils ont évalué le lien entre le diabète de type 2 et l'incidence de 116 affections non transmissibles à long terme qui touchent généralement les adultes britanniques d'âge mûr.
Le diabète de type 2 est lié à une incidence plus élevée de 57 de ces affections. Cette étude montre notamment que les personnes vivant avec un diabète de type 2 sont exposées aux risques suivants :
9% de risques supplémentaires d'avoir un cancer
5,2 fois plus de risques de souffrir d'une maladie rénale en phase terminale
4,4 fois plus de risques d'avoir un cancer du foie
3,2 fois plus de risques d'avoir une dégénérescence maculaire (perte de la vision centrale)
risque plus élevé de développer 23 de 31 affections circulatoires
« Prévenir et retarder l'apparition du diabète de type 2 reste essentiel pour réduire la probabilité d'une mauvaise santé à l'âge mûr », a déclaré la Dre Luanluan Sun, qui a codirigé l'étude dans le cadre de ses fonctions précédentes en tant qu’épidémiologiste clinique à l'université de Cambridge.
Ces résultats ont été présentés lors d'une récente conférence organisée par Diabetes UK. Ils n'ont pas été examinés par des pairs et l'étude n'est pas encore accessible au public.
Source: NCD Alliance
Le diabète survient lorsque le pancréas n’est plus capable de produire de l’insuline, ou lorsque l’organisme ne peut pas utiliser correctement l’insuline qu’il produit. Environ une personne sur dix dans le monde vit avec le diabète. Ce chiffre devrait passer de 537 millions d’adultes à 643 millions en 2030 et 784 millions en 2045. La grande majorité de ces personnes vit dans des pays à revenu faible et intermédiaire. Les décès dus au diabète ont augmenté de 70% depuis 2000.
Le diabète de type 1 survient le plus souvent chez les enfants et les adolescents. À l'heure actuelle, il est impossible de le prévenir. Le diabète de type 2 a tendance à se développer à l’âge adulte et représente environ 90% de tous les cas de diabète. Il peut souvent être géré ou prévenu grâce à un mode de vie sain impliquant davantage d’activité physique et une alimentation saine. Le diabète gestationnel se caractérise par une hyperglycémie pendant la grossesse et est associé à des complications pour la mère et l’enfant.
La principale cause de décès et de maladie chez les personnes vivant avec le diabète sont les maladie cardiovasculaires, aggravées par l'hypertension, ou pression sanguine élevée. Dans le monde, 463 millions de personnes vivent avec le diabète et 1,13 milliard avec de l'hypertension.
La comorbidité, ou le fait de vivre avec plus d'une maladie chronique, est une caractéristique du diabète. Au moment du diagnostic de leur diabète de type 2, 75% des personnes étaient atteintes d’au moins une autre maladie chronique et 44% d’au moins deux autres. Ceci s’explique par le fait que de nombreuses maladies chroniques partagent avec le diabète des facteurs de risque majeurs, comme l’obésité, l’inflammation vasculaire et l’hypercholestérolémie.
Un exemple de traitement des comorbidités provient d'un récent document d'orientation de l’Alliance sur les MNT et de ses partenaires. Le document souligne que le diabète et l'hypertension sont souvent associés. Ces deux maladies sont également liées à de nombreuses autres MNT, en raison de complications ou du fait qu'elles sont déclenchées par les mêmes facteurs de risque. Le document fait valoir que le traitement simultané des deux maladies produirait des résultats positifs plus importants pour le bien-être, les systèmes de santé et le développement durable.
Le document indique également que la Covid-19 a montré l'urgence de traiter les comorbidités. « La plupart des personnes qui sont décédées des suites de la COVID-19 vivaient avec des MNT sous-jacentes, les plus fréquentes étant l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires ou le diabète. D’après les recherches, les personnes vivant avec plusieurs maladies chroniques sont considérablement plus à risque. »
L'étude de Cambridge a regroupé les 116 affections en 11 catégories cliniques liées à différents systèmes corporels. Les risques les plus élevés ont été observés pour les affections liées aux organes suivants :
système génito-urinaire (risque 2,6 fois plus élevé que chez les personnes non diabétiques)
système neurologique (2,6 fois)
yeux (2,3 fois)
système digestif (1,9 fois)
santé mentale (1,8 fois), et
système circulatoire (1,6 fois).
Les risques de développer des troubles circulatoires, génito-urinaires, neurologiques et oculaires étaient beaucoup plus élevés chez les personnes présentant un diabète de type 2 avant l'âge de 50 ans que chez les personnes diagnostiquées à un âge plus avancé.
« Le diabète de type 2 et les complications qui peuvent en découler ne sont pas inévitables », a déclaré la Dre Elizabeth Robertson, directrice de la recherche chez Diabetes UK. « Voilà pourquoi il est si important d’accompagner les personnes présentant un risque accru de diabète de type 2 pour réduire ce risque, et que les personnes vivant avec cette maladie aient un accès continu aux soins de routine et à un accompagnement pour bien la gérer et éviter ou retarder les complications. »
Le dépistage et le traitement du diabète figurent sur une liste récemment publiée de 21 mesures rentables que les pays peuvent prendre pour atteindre l'objectif de développement durable des Nations Unies consistant à réduire d'un tiers les décès prématurés dus aux maladies non transmissibles d'ici 2030.
L'Organisation mondiale de la Santé estime que chaque dollar dépensé pour la prévention et le traitement des maladies cardiovasculaires et du diabète permet d'économiser 3,12 dollars en coûts de santé supplémentaires et en perte d'activité économique.
En outre, l'investissement dans la réduction des facteurs de risque sous-jacents du diabète et d'autres MNT - en particulier la consommation d'alcool, la mauvaise alimentation, le tabagisme et la sédentarité - permet de réaliser en moyenne sept dollars d'économies pour chaque dollar investi.