Conseil exécutif de l’OMS : la décision actuelle sur la CSU ne reflète pas le soutien des États membres à la lutte contre les MNT

27 février 2023

Il a été réconfortant d’entendre des États membres tels que le Danemark, la Malaisie et le Moldova déclarer lors de la récente réunion du Conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) (EB152) que répondre aux besoins des personnes atteintes de maladies non transmissibles (MNT) était essentiel pour parvenir à la couverture sanitaire universelle (CSU). Mais l’Alliance sur les MNT a été déçue par l’incohérence entre ces déclarations et l’absence de références spécifiques aux MNT dans les textes de la décision actuelle en lien avec la prochaine Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU.

Le rapport du Directeur général (DG) de l’OMS a lui aussi évoqué le lien entre MNT et CSU et souligné le fait que la réalisation de la CSU, avec une attention particulière aux soins de santé primaires, sera essentielle pour parvenir à une meilleure préparation et résilience face aux futures urgences sanitaires. Nous nous réjouissons donc à la perspective d’accompagner les États membres en vue d’intégrer les MNT aux négociations imminentes sur la CSU. Pour leur part, les États membres nous assurent que le texte actuel est principalement axé sur la procédure, les négociations sur les aspects de fond de la décision pertinente restant encore à venir.

Un leadership politique fort est essentiel pour faire progresser la lutte contre les MNT lors des Réunions de haut niveau des Nations Unies de 2023

CSU et sécurité sanitaire sont des objectifs interdépendants qui présentent des liens étroits au sein des systèmes de santé des pays, cela a été largement reconnu lors de la première journée de l’EB152. Partant du principe que « l’investissement dans la sécurité sanitaire renforce les soins de santé primaires et la promotion de la santé, et réciproquement », le rapport du DG de l’OMS sur le renforcement de l’architecture HEPR mondiale a souligné la nécessité de promouvoir la cohérence dans un système fragmenté. Ce besoin de cohérence a également été souligné par les États membres, alors que sont prévues cette année plusieurs Réunions de haut niveau des Nations Unies sur la santé, dont celles sur la CSU et sur la prévention, la préparation et la riposte en cas de pandémie (PPPR). En tant que président du G7, le Japon a déclaré qu’il contribuerait activement à la promotion de la CSU dans le contexte de la PPPR.

Mais si la décision portant sur la Réunion de haut niveau des Nations Unies sur la CSU a reflété ce besoin clair de soins de santé primaires vigoureux comme moyen d’assurer à la fois la sécurité sanitaire et la CSU, elle a passé les MNT sous silence. Cela tranche nettement non seulement avec le rapport du DG de l’OMS, qui souligne que les progrès mondiaux sont mal partis pour atteindre la CSU ou les cibles connexes de l’Objectif de développement durable (ODD) 3 (y compris celles sur les MNT et leurs facteurs de risque) d’ici 2030, mais aussi avec la reconnaissance par les États Membres que les services de prévention et de prise en charge des MNT devraient faire partie de la CSU.

Il y a une incohérence entre reconnaître que la lutte contre les MNT est cruciale pour parvenir à la CSU et ne pas le mentionner dans la décision actuelle de l’OMS en vue de la Réunion de haut niveau des Nations Unies. Reconnaître les besoins des personnes vivant avec des MNT est fondamental pour la réalisation progressive de la CSU et nécessitera un leadership politique fort. En outre, et compte tenu des liens entre la CSU et la sécurité sanitaire, les personnes vivant avec des MNT devraient être identifiées comme des populations vulnérables dans toutes les conversations liées à la préparation et à la riposte face aux urgences de santé publique.

Il a néanmoins été encourageant de constater que des mesures importantes ont été prises dans la décision portant sur la Réunion de haut niveau sur la CSU, qui auront un impact réel sur la satisfaction des besoins des personnes vivant avec des MNT. Parmi celles-ci figure la demande adressée au DG de l’OMS d’examiner l’importance et la faisabilité d’utiliser les besoins non satisfaits en matière de services de soins de santé en tant qu’indicateur supplémentaire dans le suivi de la CSU, dans le cadre du processus d’examen des indicateurs des ODD liés à la santé mené actuellement par l’OMS. Cela fait écho à l’une des demandes de plaidoyer de l’Alliance sur les MNT, qui appelle à inclure un indicateur supplémentaire dans l’indice de couverture des services de la CSU qui couvre les résultats cliniques de la prise en charge des MNT au niveau des soins de santé primaires.

Les États membres soutiennent les progrès accomplis en matière de politiques et d’action autour des MNT

Les progrès accomplis en matière de politiques et d’action autour des MNT dans tout le continuum de soins, de la prévention à la réadaptation, ont bénéficié du soutien des États membres, avec l’adoption de plusieurs décisions qui seront examinées lors de la 76ème session de l’Assemblée mondiale de la Santé (WHA76) en mai 2023. Ces mesures ont notamment été saluées par les petits États insulaires en développement (PEID) pour lesquels les MNT constituent une priorité absolue, comme l’ont déclaré les Fidji et les Maldives. Pour en savoir plus sur les MNT dans les PEID, consultez ce document de travail, qui alimentera la quatrième Réunion de haut niveau de l’Assemblée générale des Nations Unies sur la prévention et la maîtrise des MNT en 2025.

L’adoption d’une décision de renforcement des capacités en matière d’outils de diagnostic, présentée par le Royaume d’Eswatini, a marqué un tournant. Une résolution de l’Assemblée mondiale de la Santé sur ce sujet fournirait pour la première fois un cadre unique permettant à l’OMS et aux États membres de relever les défis liés à l’accès au diagnostic pour un large éventail de maladies, dont les MNT.

Autre fait saillant, l’approbation d’une décision visant à adopter la mise à jour de l’appendice 3 du Plan d’action mondial de l’OMS pour la lutte contre les MNT, également connu sous le nom de « meilleurs choix » contre les MNT et autres interventions recommandées, et qui a intégré plusieurs commentaires fournis par la NCDA et notre réseau lors des consultations. La décision sur l’appendice 3 apporte également une nouvelle approche bienvenue : la liste des options de politique générale pour la lutte contre les MNT devient un document évolutif qui permet l’incorporation d’interventions révisées à mesure que de nouvelles données deviennent disponibles.

Enfin, il a été encourageant de voir approuver une décision qui reconnaît la réadaptation comme faisant partie intégrante du continuum de soins et l’importance d’y faire participer les personnes ayant une expérience vécue. La manière inclusive dont Israël a dirigé le processus de consultation en amont de cette décision au cours des derniers mois a été très appréciée par la société civile. De plus amples détails sur le contenu complet d’autres décisions et rapports sont disponibles dans la note de plaidoyer pré-EB152 de l’Alliance sur les MNT.

L’Alliance sur les MNT désormais en relations officielles avec l’OMS

L’EB152 s’est terminé sur un autre moment phare pour la communauté des MNT, avec l’entrée en relation officielle de l’Alliance sur les MNT avec l’OMS. Unique ONG internationale en relations officielles avec l’OMS dont la mission est axée sur le vaste programme de lutte contre les MNT, la NCDA se réjouit de continuer à renforcer cette relation et à faire progresser la prévention et la maîtrise des MNT.

À propos de l'auteur :  

João Monteiro est responsable des politiques et du plaidoyer de l’Alliance sur les MNT. Il est chargé de soutenir le travail de politique et de plaidoyer autour de la CSU et l’intégration des MNT dans d’autres priorités mondiales de santé. Spécialiste des sciences sociales de formation, il est titulaire d’une maîtrise ès sciences en politique sociale comparée de l’Université d’Oxford.