Managing NCDs in low- and middle-income countries

Une réunion historique au Ghana témoigne d’un engagement politique maximal pour faire avancer la lutte contre les maladies chroniques

2 mai 2022

Les gouvernements du Ghana et de la Norvège et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont organisé à Accra, au Ghana, un Dialogue stratégique international afin d’accorder davantage de priorité aux maladies non transmissibles (MNT) dans le cadre de l’agenda des Objectifs de développement durable (ODD).

L'événement a réuni des gouvernements et des acteurs et partenaires nationaux et internationaux et prévoyait des interventions de quatre chefs d'État et de leurs représentants de la Barbade, du Ghana, de la Norvège, du Timor-Leste et de la Thaïlande, ainsi que de six premières dames, des Bahamas, du Belize, du Congo, de la Croatie, du Ghana et du Niger.

La charge des MNT mise en évidence 

« La charge mondiale des MNT met en évidence les nombreuses menaces auxquelles les gens sont confrontés à travers l'air qu'ils respirent, les conditions dans lesquelles ils travaillent et les aliments qu'ils consomment. 85 % de la mortalité prématurée due aux MNT survient dans les pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI), un lourd tribut pour les économies, qui raccourcit également les années productives des populations. » Dr Tedros Ghebreyesus, directeur général de l'OMS 

Les chefs d'État ont souligné que les MNT restaient la principale cause de décès dans le monde, avec une charge croissante dans les PRFI, et qu'elles ont d'énormes répercussions sur les économies du monde entier. Le représentant du Président du Ghana a dénoncé ces « tueurs silencieux » et a également souligné le lien étroit entre MNT et COVID-19. Les intervenants ont mis l'accent sur les MNT autres que celles de « l’approche 5x5 », notamment la drépanocytose et la santé bucco-dentaire, et ont souligné le lien entre MNT et changement climatique. Ils ont également souligné que de nombreuses personnes vivant avec des MNT présentaient des pathologies multiples et que les pays d'Afrique et d'Asie étaient de plus en plus confrontés à une double charge de maladies infectieuses et de MNT. Cette double charge entraîne des inégalités, accroît la pression sur les systèmes de santé et augmente la demande de ressources rares. La directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique, la Dre Matshidiso Moeti, a lancé l’avertissement suivant : « Les MNT font peser une grande menace sur le développement social et économique du continent. » La Première ministre de la Barbade, Son Excellence Mia Mottley, a indiqué que « la pandémie a affecté les déterminants sociaux de la santé, entraînant davantage de pertes d'emplois et une réduction de la capacité financière, ce qui conduit en conséquence à une augmentation de la charge des MNT. » D'autres interventions ont également mis en évidence le fardeau inégal des MNT, avec des disparités au sein des pays et entre eux, ainsi que leur lourde charge économique pour les personnes vivant avec des MNT et leurs proches. 

L'agenda des MNT est devenu l'affaire de tous

Le Dialogue a clairement montré que les MNT doivent rester à l’ordre du jour de tous : jeunes et seniors, hommes et femmes, quelles que soient les différences géographiques, ethniques, économiques et religieuses. Cinq personnes vivant avec des MNT se sont adressées aux participants d’une voix forte pour appeler à une action urgente et durable. La participation significative des personnes vivant avec des MNT au cours de l'événement a souligné l'importance de tirer parti de l'expérience directe des communautés, comme le montrent des initiatives telles que Notre vision, notre voix et la Charte mondiale pour la participation significative des personnes vivant avec des MNT

La Dre Monika Arora, présidente élue de l’Alliance sur les MNT, a partagé les résultats du récent rapport du Lancet publié dans le cadre du Compte à rebours 2030 pour les MNT, qui encourage les chefs d'État en affirmant qu’il « est possible d'atteindre la cible 3.4 des ODD, à savoir réduire d'un tiers les décès prématurés dus aux MNT d'ici 2030 ». Le directeur régional de l'OMS pour le Pacifique occidental, le Dr Takeshi Kasai, nous a rappelé « qu’après de nombreuses années d'expérience et de recherche, nous savons ce qu'il faut faire. Nous devons adapter le quoi et le qui aux communautés. Les environnements sains et favorables nécessitent de nombreuses parties prenantes au-delà du secteur de la santé. »

Pourquoi le Dialogue est important : la volonté politique et l'action pour faire avancer la lutte contre les MNT

« Seuls 14 pays sont sur la bonne voie pour atteindre l'ODD 3.4. Aujourd'hui, nous lançons le pacte international sur les MNT - un effort mondial consolidé pour empêcher les gens de mourir. Les MNT constituent un problème d'envergure mondiale, mais je suis convaincu que cet objectif est réalisable. Il nous reste 8 ans pour agir. » Jonas Gahr Støre, Premier ministre de la Norvège. 

Le Dialogue a eu deux résultats. Le premier est un nouveau pacte mondial sur les MNT (2022 - 2030), et le second est le lancement d'un nouveau groupe de chefs d'État et de gouvernement. 

Le Pacte mondial sur les MNT doit permettre de prendre des mesures concrètes pour atteindre les ODD et les objectifs connexes en matière de MNT.  Il vise à produire des résultats dans cinq domaines clés de mobilisation, et notamment : 

  • Éviter à 50 millions de personnes de mourir prématurément de MNT grâce à des mesures rentables de prévention et de maîtrise des MNT d'ici 2030 

  • Protéger 1,7 milliard de personnes vivant avec des MNT dans des contextes humanitaires grâce à un meilleur accès aux médicaments et aux soins 

  • Intégrer les MNT dans les soins de santé primaires et la couverture sanitaire universelle 

  • Une surveillance et un suivi complets des MNT 

  • Faire participer de manière significative 1,7 milliard de personnes vivant avec des MNT et des troubles mentaux à l'élaboration des politiques et des programmes. 

Le groupe des chefs d'État et de gouvernement se réunira chaque année lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, organisée chaque année en septembre, de 2022 à 2025, afin de susciter un engagement de haut niveau en faveur de cette cause. Un réseau de premières dames visant à accélérer les progrès en matière de MNT et d'ODD a également été promis. 

La réduction de la charge des MNT exigera une forte volonté politique et une réforme en profondeur des systèmes de santé. Les résultats du Dialogue pourraient être déterminants pour soutenir l'intégration des MNT dans les soins de santé primaires, la couverture sanitaire universelle et la reprise post-pandémie. L'engagement et l'action qu'il promet sont stratégiques, importants et opportuns pour faire avancer le programme de lutte contre les MNT ; ils offrent l'occasion de s'appuyer sur les cadres existants, de respecter les engagements et de faire progresser la lutte contre les MNT. 

Soutenus par des chefs d'État, le Dialogue et ses résultats ouvrent une nouvelle voie prometteuse vers une action renforcée contre les MNT. Selon les mots du Dr Tedros Ghebreyesus, « Ensemble, nous pouvons changer le paradigme pour que les populations du monde entier puissent vivre en meilleure santé. »

À propos de l’auteur : 

Toyyib Ọládiméjì Abdulkareem est consultant en politiques et campagnes pour la NCDA. Il soutient le travail de l’organisation en matière de politiques et de plaidoyer autour de la prévention des MNT et de la campagne de la Semaine d'action mondiale contre les MNT (www.actonncds.org). Toyyib a une formation en santé publique et en sciences médicales. Avant de rejoindre la NCDA, Toyyib a travaillé avec l'équipe chargée de l'activité physique au siège de l'OMS et il a par ailleurs accompagné un projet qui pilotait un système de couverture sanitaire universelle au niveau infranational au Nigéria.