Soignante au Bangladesh

Le fonds d'investissement pour les MNT permet aux pays à revenu faible et intermédiaire de prendre l’initiative

21 novembre 2022

Un nouveau fonds, développé pour encourager l'investissement dans les maladies non transmissibles (MNT) et la santé mentale, place les pays les plus durement touchés par l'inaction et le manque d'investissement dans ces maladies au cœur de la prise de décision.

Le fonds Health4Life vise à lever en 5 ans 250 millions de dollars US qui serviront ensuite à catalyser d'autres investissements dans les domaines prioritaires des pays à revenu faible et intermédiaire afin de lutter contre les MNT et les troubles de la santé mentale.

Les MNT et les troubles de la santé mentale sont la principale cause de décès et d'incapacité dans le monde, les MNT représentant 74% de tous les décès et plus de trois années sur quatre vécues avec une incapacité. Chaque année, 17 millions de personnes succombent à une MNT avant l'âge de 70 ans. 77% des décès dus à ces maladies surviennent dans des pays à revenu faible et intermédiaire.

Le fonds, dont le nom complet est le Fonds d'affectation spéciale multipartenaires des Nations Unies pour catalyser l'action des pays en faveur des MNT et de la santé mentale, est piloté par l'OMS, l'UNICEF, le PNUD et le secrétariat de l'Équipe spéciale inter-organisations des Nations Unies sur les MNT. Le Bureau du Fonds d'affectation spéciale multipartenaires des Nations Unies est l'organe administratif chargé du processus d'octroi des subventions.

Les pays les plus touchés dans les rôles clés

Il est logique d’accorder aux pays les plus touchés par l'inaction en matière de MNT le premier rôle dans le Fonds, déclare Nick Banatvala, chef du secrétariat de l’Équipe spéciale inter-organisations des Nations unies sur les MNT.

« Les partenaires du développement se sont montrés très réticents à aider les pays à revenu faible et intermédiaire à lutter contre les MNT et les problèmes de santé mentale, malgré les appels répétés de ces pays demandant une aide catalytique. C'est pourquoi les trois partenaires fondateurs sont tous des pays du Sud : Kenya, Thaïlande et Uruguay. Ils sont tous membres de l'organe directeur du Fonds. »

Health4Life a reçu un certain nombre d'engagements lors de la récente 77e session de l'Assemblée générale des Nations unies. Unexia, qui développe une infrastructure de blockchain pour la santé mondiale, s'est engagée à verser 50 millions de dollars US et la Fédération Afrique de Soroptimists International a annoncé qu'elle se joindrait aux partenaires du Fonds pour faire du plaidoyer et lever des fonds spécifiquement destinés à l'élimination du cancer du col de l'utérus.

Health4Life repose sur quatre piliers principaux : 1. Intégration, 2. Prévention des facteurs de risque, 3. Renforcement des systèmes de santé et prestation de services intégrés, 4. Élimination des maladies. La plupart des subventions du Fonds devraient osciller entre 250 000 et 3 millions de dollars US sur trois ans.

Lors de l'assemblée générale, le Aspen Global Innovators Group s'est également engagé à lever 5 millions de dollars au cours des trois prochaines années.

« L’Institut Aspen ne se consacre pas seulement à la lutte contre les MNT et à la santé mentale, il s'engage également à respecter l'approche du Fonds », a déclaré Douglas Webb, responsable de la santé et des financements innovants au PNUD qui dirige les travaux de l'agence sur les MNT et fait partie de l'équipe centrale de Health4Life. « Cela bouleverse toute la dynamique du financement de la santé mondiale, car d'habitude, les pays à revenu élevé ont une grande marge de manœuvre en matière de gouvernance, tandis que les pays à revenu faible et intermédiaire n'ont qu'un pouvoir de décision très limité... L'approche inclusive et participative du Fonds en matière de financement de la santé mondiale constitue une base importante du partenariat avec l’Institut Aspen. »

Mobiliser les ressources au niveau national

Alors que les philanthropes et les donateurs sont encouragés à financer le Fonds, Rory Nefdt, responsable de la santé des enfants et des communautés à l'UNICEF, qui dirige le développement portefeuille naissant de l'agence en matière de MNT, affirme que les ressources du Fonds d’affectation spéciale serviront à catalyser le financement et l'action au niveau national : « Il existe un consensus sur le fait qu'en fin de compte, ce sont les pays eux-mêmes qui doivent créer des systèmes durables pour répondre à leurs besoins, que ce sont les pays qui devront mobiliser les ressources dont ils ont besoin pour doter pleinement leurs systèmes de santé. »

Investir pour protéger était le thème de la Semaine d'action mondiale sur les MNT de l'Alliance sur les MNT, en septembre 2022. Parmi ses messages : chaque dollar investi dans la lutte contre les MNT en générera 19 de retour sur investissement.

À la question de savoir pourquoi créer un fonds entièrement nouveau au lieu de s'appuyer sur un mécanisme existant, Mamka Anyona, responsable de la politique et de la stratégie du fonds Health4Life, répond que « historiquement et depuis longtemps, les MNT ont été un domaine de la santé dans lequel les investissements ont été extrêmement insuffisants. Les MNT reçoivent entre un et deux pour cent du financement mondial de la santé ; la santé mentale encore moins. Il est prouvé que les priorités des donateurs influencent l'affectation des ressources des pays, en particulier dans les pays dont les systèmes de santé sont fortement dépendants des donateurs. Par conséquent, le manque d'élan de la santé mondiale autour des MNT et de la santé mentale se reflète dans les réponses inadéquates des pays, malgré une charge de morbidité considérable. »

« Si le Fonds mondial vient vous donner de l'argent pour le VIH/sida et le paludisme, alors vous allez faire en sorte d’avoir un département VIH, d’avoir un département paludisme », ajoute la Dre Anyona.
« Vous allez avoir du personnel sur place, vous allez fournir le financement de contrepartie qui est une condition du financement du Fonds mondial... Lorsque tout cela se produit, la part des ressources sanitaires déjà limitées du pays destinée aux MNT et à la santé mentale sera plus faible, malgré leur importance relative dans le pays. »